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AVERTISSEMENT


du d’Aviler, éparse & dispersée de loin en loin dans ce vaste vocabulaire, n’offre partout que les définitions les plus sèches & les plus arides. A peine les explications élémentaires des mots les plus usuels & des parties les plus connues s’y trouvent-elles. Dans tous les autres articles, la définition, qui est plus celle du mot que de la chose, ne fait qu’ajouter à la peine de le retenir, la difficulté d’en comprendre l’explication. Le dictionnaire de Roland le Virloys, quoique son vocabulaire soit considérable, offre encore une bien plus grande aridité. Il semble n’avoir pris à tâche que d’abréger l’abrégé de d’Aviler. L’Architecture d’ailleurs n’occupe pas la moitié de ce dictionnaire ; une foule de mots éntiérement étrangers à cet art grossissent ce recueil, & les notions les plus abrégées, les articles les plus courts, sont ceux de l’Architecture. Les dictionnaires antérieurs à ceux-là ne méritent pas même qu’on en fasse mention. Celui de Cordemoi ne contient pas trois cens mots, & est plutôt une table de matière qu’un dictionnaire.

Cependant, si l’on examine tout ce qui a été écrit sur l’Architecture, les ouvrages où l’on peut puiser des notions relatives à son histoire, les essais de quelques gens de goût sur ses principes & sa nature, les livres didactiques des plus célèbres architectes, on aura peine à croire que cet art ait pu être condamné jusqu’à présent, dans les dictionnaires qui en ont traité, à cette triste stérilité. On verra sur-tout qu’aucun autre ne sollicitoit davantage l’ouvrage entiérement nouveau qu’on a entrepris, c’est-à-dire un corps complet d’Architecture, dont l’ensemble n’avoit pas encore été même projetté.

Jamais aussi peut-être tous les moyens relatifs à la perfection d’un tableau général de 1’Architecture ne se sont trouvés, ni en plus grand nombre, ni plus faciles à rassembler. Les nombreuses & nouvelles découvertes des monumens de l’antiquité, les voyages des hommes les plus instruits, la connoissance plus certaine que jamais du goût de tous les peuples que le commerce rapproche de plus en plus, l’expérience des erreurs passées les lumières que quelques savans ont portées dans les arts, les grands efforts des peuples modernes & leurs entreprises de tout genre en architecture, le goût de cet art généralement répandu dans toute l’Europe l’application qu’on y a faite des sciences du calcul, tout sembloit demander la réunion & l’ensemble complet que nous nous sommes proposé dans ce nouveau dictionnaire d’Architecture antique & moderne.

Nous n’avons donc pas dû nous borner, comme on l’a fait jusqu’à ce jour, à la sécheresse de ces nomenclatures froidement méthodiques, que leur concision rend aussi peu utiles à l’artiste qui apprend les définitions par la pratique, qu’au public qui ne sauroit les retenir ou les comprendre sans l’usage.

Nous avons cru que les dictionnaire, ainsi que tous les ouvrages de ce genre, devoit se proposer deux objets d’utilité.

Le premier, de satisfaire toutes les classes de lecteurs en embrassant l’universalité des connoissances que le sujet comporte.

Le second, de suppléer au plus grand nombre possible des livres qui traitent d’une même matière.

Quant à ce dernier objet, si nous remplissons la tâche que nous nous sommes donnée, nous avons lieu d’espérer que cet ouvrage pourra tenir lieu de plus de deux mille