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dans les cimetières ou qui servent d’ornement aux mausolées. (Voyez ce mot, Sépulcre, Tombeau, &c.)

Colonne statique. Espèce de pilier rond ou à pans, posé sur un socle à hauteur d’appui, au milieu d’un marché, où pend à une potence de fer une balance ou romaine pour peser publiquement & à poids étalonnés par la police. comme cela se pratique dans plusieurs villes de France. Le mot statique vient de statera, balance.

Colonne statuaire. Colonne qui porte une statue, comme la colonne que le pape Paul V a fait élever sur un piédestal devant l’église de Sainte-Marie-Majeure à Rome, & qui porte une statue de la Vierge en bronze doré. Cette colonne, qui a été tirée des ruines du temple de la Paix, & dont le fût d’un seul bloc de marbre blanc a cinq pieds huit pouces de diamètre sur quarante-neuf & demi de hauteur, est d’ordre corinthien & cannelée.

On pourroit aussi appeller colonnes statuaires, les figures caryatides, persiques, les atlantes, les télamons, qui font l’office des colonnes, si le nom de statue-colonne ne convenoit mieux à leur emploi. (Voyez Caryatide).

Colonne triomphale. Colonne qui étoit élevée chez les anciens en l’honneur d’un triomphateur. Les joints de la colonne étoient cachés par autant de couronnes qu’il avoit fait d’expéditions militaires ; & il y avoit, comme l’on sait, des genres de couronnes pour tous les genres d’action glorieuse. Au reste, les colonnes de Trajan & d’Antonin, quoiqu’elles aient pu avoir une destination particulière, n’en sont pas moins des colonnes triomphales.

Une belle collonne moderne de ce genre est celle que le parlement d’Angleterre a fait élever devant le château de Blenheim à l’honneur de Marlboroug : les quatre faces du piédestal sont chargées du récit des victoires de ce grand général ; sa statue est, dans le haut, portée par des figures de captifs, & environnée de trophées. Cette colonne a cent trente pieds anglois d’élévation.

Colonne zoophorique. C’est une espèce de colonne statuaire qui porte la figure de quelque animal, comme les deux colonnes de la place de Venise, sur l’une desquelles est le lion de S. Marc qui forme les armes de la république. Il y en a aussi une à Sienne, qui porte une louve allaitant Rémus & Romulus. Ce mot zoophorique vient du grec zoophoros, porte-animal.

COLORIS DES FLEURS (jardinage), se dit l’éclat qui naît de la vivacité & de la variété des tentes dont les fleurs sont nuancées ; c’est sur-tout parle coloris que les fleurs plaisent à l’œil ; c’est de lui qu’elles empruntent la plupart de leurs charmes & de leurs attraits.

Rien ne relève plus l’éclat & la pompe du coloris les fleurs que l’aurore matinale. Les tendres rayon qui ne fatiguent point l’œil du spectateur, la chaleur doucement vivifiante & qui fait tout épanouir, les jeux de la lumière tombant obliquement, les perles de la rosée qui brillent & dégouttent, & mille autres accidens gracieux se réunissent pour embellir cette scène.

L’artiste jardinier intelligent peut faire un tableau trés-agréable avec les couleurs & les nuances des fleurs. On s’est long-tems occupé de forcer les différentes familles des fleurs à s’accommoder d’une certaine symmétrie ; mais on n’a guère pensé qu’en mariant les plantes & les fleurs suivant leurs différentes couleurs, on pourroit créer un tableau superbe, & qui demande un œil délicat, & beaucoup de jugement pour paroître dans toute sa perfection. Les changemens continuels qui arrivent journellement dans les fleurs, exigent une attention soigneuse & une réflexion perpétuelle. Que le jardinier fasse sur-tout attention aux plantes qui poussent en même tems ; & lorsqu’il en mêle de tardives & de hâtives, qu’il réfléchisse d’avance à l’effet que produira la différence des tiges, des feuilles, des boutons & des fleurs qui commencent à poindre ou à s’épanouir, & de celles qui brillent déjà de tout leur éclat.

Toute plante sarmenteuse, dont les couleurs sont fades, les feuilles raboteuses & rares, est peu convenable dans le tableau que forme une couche de fleurs. Les nuances les plus délicates & les plus douces doivent être placées le plus près de l’œil ; les fortes & les brillantes plus loin. Que l’on passe du blanc au paille, de la couleur de chair à la couleur de rose, du violet au bleu foncé, du jaune doré au pourpre, tout comme l’on passe insensiblement des plantes les moins élevées aux plus hautes. La teinte grise, brune ou verte des tiges, les différens verds des feuilles, la forme & la distribution de celles-ci & des fleurs même, tout doit entrer en considération. Les transitions plaisent lorsqu’elles ne sont pas brusques, mais douces & progressives ; il faut que les nuances claires s’accordent avec les foncées. Un œil exercé & une observation soutenue, découvriront encore une foule d’autres petites règles utiles.

Le coloris des fleurs, des arbres & des arbrisseaux peut fournir à l’artiste jardinier un moyen de composer agréablement les grouppes & les bosquets. Les couleurs dominantes dans les fleurs des arbres, & sur-tout des arbrisseaux, sont le blanc, le jaune le rouge & le bleu. Chacune de ces couleurs comprend ensuite une variété de mélanges, de nuances & de diaprures, qui sont principalement remarquables dans le jaune & dans le rouge. Quelle multitude de teintes renforcées, dégradées, mélangées les fleurs n’offrent-elles pas dans leurs propriétés ordinaires ! & que d’accidens dans leurs variétés ! La théorie se perdroit dans un champ immense, si elle vouloit tenter d’énumérer les gradations & les diversités d’une seule couleur dominante dans les familles, les espèces & les variétés des plantes fleurissantes : tous les efforts seroient vains, parce que le sol, le climat, le site particulier, la température de l’air, la façon de cultiver, causent


Zeze