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Colonne honorifique. C’est ainsi qu’on appelle les colonnes statuaires, comme celles qui étoient élevées dans le céramique d’Athénes, en l’honneur des grands hommes morts pour la république, & qui portoient leurs statues avec des inscription à leur louange. On peut aussi comprendre sous ce nom, les colonnes modernes, où sont attachées des marques de dignité, comme la colonne dorique qui est sur le tombeau des Castelan, faite par Girardon, dans l’église de Saint-Germain-des-Prés à Paris.

Colonne indicative. On peut donner ce nom à celle qui marque les marées le long des côtes de la mer, ou la crue des rivières. On en voit une de marbre au Grand-Caire, où les débordemens du Nil son marqués par des repaires. On l’appelle le Nikias.

Colonne instructive. C’étoit une colonne où l’on gravoit autrefois les principes de quelqu’art ou de quelque science. Le fils de Pisistrate avoit ainsi fait élever plusieurs colonnes instructives, qui étoient de pierre, & qui contenoient les préceptes de l’agriculture.

Colonne itinéraire. Colonne qui, étant à plusieurs faces & posée dans le carrefour d’un grand chemin, sert à enseigner les différentes routes par des inscriptions gravées sur chacun de ses pans.

Colonne lactaire. C’étoit à Rome, selon Festus, une colonne élevée dans le marché aux herbes, qui avoit dans son piédestal une retraite où les enfans abandonnés de leurs parens par l’effet de la misère ou de toute autre raison, étoient exposés pour être élevés aux dépens du public.

Colonne légale. On peut appeller de ce nom les colonnes sur lesquelles les anciens gravoient leurs loix. Il y en avoit de ce genre dans les places publiques de Bacédémone. Alexandre trouva dans le palais de Cyrus une colonne d’airain, sur laquelle ce roi de Perse avoit fait graver les loix qu’il avoit établies.

Colonne limitrophe. Colonne qui marque les limites d’un royaume ou d’un pays conquis, comme les colonnes qu’Alexandre-le-grand, au rapport de Pline, fit élever aux extrémités de l’Inde. Quant à celles vulgairement appellées d’Hercule, il est bien probable qu’elles ne furent jamais autre chose que deux montagnes escarpées au détroit de Gadès, aujourd’hui de Gibraltar.

Colonne lumineuse. Colonne faite d’un chassis cylindrique, couverte de papier huilé ou de gaze rouge, ensorte qu’ayant au-dedans de la lumière par étage, elle paroît toute de feu. On s’en sert dans les illuminations. Cette invention est de M. Vigarani.

Colonne manubiaire. Cette épithète, dérivée du latin manubiae, caractérise une colonne ornée de trophées & élevée à l’imitation des arbres où l’on attachoit anciennement les dépouilles des ennemis.

Colonne mémoriale. On donne quelquefois ce nom à une colonne élevée pour quelqu’ événement mémorable. On peut appeller ainsi la colonne élevée à Londres, en mémoire de l’incendie de cette ville,

arrivé en 1666. (Voyez-en la description à la vie de Vreen). Il s’en trouve plusieurs de cette sorte en Angleterre. On en remarque une autre en forme d’obélisque sur le bord du Rhin, dans le Palatinat, en mémoire du fameux passage de ce fleuve, par Gustave, roi de Suède, avec son armée.

Colonne méniane. Nom général qu’on donne à toute colonne qui porte en saillie un balcon ou méniane. (Voyez ces mots).

Selon Suétone & Asconius, cette colonne tire son nom d’un certain Menius qui, ayant vendu fa maison aux censeurs Caton & Flaccus, pour faire un édifice public, s’étoit réservé le droit d’élever en dehors une colonne qui portât un bacon, d’où il pût voir les spectacles.

Colonne militaire. On en élevoit chez les anciens, sur lesquelles étoit gravé le dénombrement des troupes, ou pour conserver la mémoire du nombre des soldats & de l’ordre qui avoit été suivi à quelqu’expédition.

Colonne milliaire. C’étoit anciennement une colonne de marbre, qu’Auguste fit élever au milieu du Forum, d’où l’on comptoit par d’autres colonnes milliaires, espacées de mille en mille sur les grands chemins, la distance des villes de l’empire. Cette colonne de marbre blanc est la même que celle qu’on voit aujourd’hui sur la balustrade du perron du capitole à Rome. Elle est de proportion massive, en manière d’un cylindre court, avec la base, le chapiteau toscan & une boule de bronze pour amortissement, symbole du globe, On l’appelloit milliarium aureum, parce qu’Auguste l’avoit fait dorer, ou du moins sa boule. Elle a été restaurée par les empereurs Vespasien, Trajan & Adrien, comme il paroît par ses inscriptions. (Voyez Milliaire).

Colonne phosphorique. Cette épithète, tirée du grec phosphoros, porte-lumière, caractérise, & une colonne creuse à vis, élevée sur un écueil ou sur la pointe d’un môle, pour servir de fanal à un port, & en général toutes les colonnes qui, dans les fêtes, réjouissances & places publiques, portent des feux ou des lanternes.

Colonnes rostrales. C’étoient des colonnes où l’on attachoit les éperons des vaisseaux pris sur l’ennemi. La première fut élevée à l’o casion de la victoire navale de C. Duillims sur les Carthaginois. On la voit au capitole. Auguste en avoit fait construire quatre, avec les éperons des navires pris sur Cléopâtre.

Colonne sépulcrale. C’étoit anciennement une colonne élevée sur un sépulcre ou tombeau, avec une épitaphe gravée sur son fût. Il y en avoit de grandes, & la colonne Trajane, destinée à porter les cendres de l’empereur dont elle porte le nom, peut se mettre au rang des colonnes sépulcrales. Le plus grand nombre est de celles que les Romains appelloient cippus.(Voyez Cipfe).

On donne aujourd’hui le nom de colonne sépulcrale à toutes les colonnes qui portent des croix