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chapiteaux, comme les colonnes du péristile du Louvre. (Voyez Accouplement).

Colonnes cantonnées. Colonnes qui sont engagées dans les quatre encoignures d’un pilier quarré, pour soutenir quatre retombées. Il y a de ces colonnes à un des vestibules du Louvre du dessin de Leveau.

Colonnes grouppées. Colonnes qui, sur un même piédestal ou socle, sont trois à trois, ou quatre à quatre, comme on en voit à plusieurs portails ou frontispices très-ridicules d’église.

Colonnes inférieures. Ce sont les colonnes du rez- de-chaussée d’un bâtiment orné de plusieurs ordres.

Colonnes majeures. Cela se dit dans les façades qui régissent l’ordonnance, & qui sont accompagnées de colonnes mineures ou moins fortes qu’elles renferment. Telles sont les colonnes corinthiennes du portail de Saint-Pierre de Rome, qui ont huit pieds & quatre pouces de diamètre : à l’égard des colonnes ioniques de granit & de marbre de trois pieds & un quart de diamètre, on voit un exemple très-ancien de cette disposition de colonnes au-dehors du dôme de l’église Notre-Dame des Dons à Avignon.

Colonnes médianes. Vitruve appelle ainsi (columna mediana), les deux colonnes du milieu d’un porche qui ont leur entre-colonnement plus large que les autres ; de sorte que ceux-ci sont pycnostiles, les autres sont eustyles. (Voyez ces deux mots). On peut encore nommer colonnes médianes, celles qui sont interposées entre les inférieurs & les supérieures d’une façade ornée de trois ordres d’architecture, comme les colonnes ioniques du portail de Saint-Gervais à Paris.

Colonnes rares. Colonnes qui ont entre elles beaucoup d’espace, ou dont les entre-colonnemens sont larges, comme dans l’aræostyle de Vitruve. (Voyez Aræostyle).

Colonnes serrées. Colonnes dont les entre-colonnemens sont serrés comme dans le pycnostile. (Voyez ce mot & Apreté).

Colonnes supérieures. Ce sont celles qui terminent un bâtiment, qui sont placées au-dessus d’autres, ainsi qu’on en voit aux façades des églises modernes.

De la colonne par rapport à son usage.

Colonne astronomique. Espèce d’observatoire en forme de tour fort élevée, où l’on monte par une vis à une plate-forme, pour observer le cours des astres. Telle fut la colonne érigée par Catherine de Médicis à l’hôtel Soissons, pour les observations d’Ornoce Finé, cèlèbre astronome. (Voyez Bullant).

Colonne bellique. C’étoit, chez les Romains, une colonne élevée devant le temple de Janus, au bas de laquelle le consul venoit déclarer la guerre, en jettant un javelot du côté de la nation ennemie. On pourroit donner ce nom aux. colonnes de proportion dorique, en forme de canon, dont on


décore quelquefois les portes d’une place de guerre ou d’un arsenal, comme on le voit à celui de Paris.

Colonne chronologique. Colonne qui porte quelque inscription historique selon l’ordre des temps, comme selon les lustres, olympiades, fastes, époques, ères, annales, &c. On voyoit de ces colonnes chez les anciens peuples.

Colonne creuse. Ce nom convient à toute colonne qui a dans son intérieur un escalier à vis pour parvenir sur la plate-forme. De ce nombre est la colonne Trajane, dont l’escalier à noyau a cent quatre-vingt-cinq marches, & est éclairé par quarante-cinq petites fenêtres. La colonne Antonine a un escalier de cent quatre-vingt-dix-huit marches, avec cinquante-six fenêtres. Ces deux escaliers sont taillés dans les tambours de marbre blanc. La colonne de Londres ou le monument, a aussi un escalier à vis, mais qui est suspendu. Ces sortes de colonnes sont appellées en latin columnae cochlides, de coclidium, escalier en limaçon ; on appelle aussi colonne creuse toute colonne de métal.

Colonne crucifère. Nom qu’on donne à toute colonne, de quelque figure ou de quelqu’ordre que ce soit, qui porte une croix & qui est posée sur un piédestal ou sur des degrés, pour servir de monumens de piété dans les cimetières, dans les places publiques, devant les églises, sur les grands chemins, & quelquefois ailleurs, pour marquer un événement singulier.

Colonne funéraire. Colonne qui porte une urne dans laquelle sont renfermées ou censées renfermées les cendres d’une personne, & dont le fût est quelquefois orné de symboles. Telle est la colonne qui porte le cœur de François Il, dans la chapelle d’Orléans, aux Célestins à Paris.

Colonne généalogique, se dit de celle dont le fût est en forme d’arbre généalogique, entouré de branches, qui portent les chiffres, armes, médailles ou portraits d’une famille. Il y a une colonne de cette espèce dans l’église des PP. Bénédictins de Souillac, ornée de plusieurs personnages en bas-relief.

Colonne gnomonique. Cylindre où sont marquées les heures par l’ombre d’un style. Il y en a de deux sortes ; l’une où le style est fixe, & où les lignes horaires ne sont qu’une projection du cadran vertical sur une surface cylindrique ; l’autre dont le style est mobile, & dont les lignes horaires sont tracées sur les différentes hauteurs du soleil, dans les diverses parties de l’année. On couronne fort bien ces colonnes avec un autre cadran, tel qu’on globe ou un dodecaëdre gnomonique, élevé sur un piédestal.

Colonne héralaique. Colonne qui a sur son fût les armes des alliances de la personne pour qui elle est élevée, & qu’on accompagne de cartouches, de devises & d’inscriptions. Cette espèce de colonne se voit quelquefois dans les mausolées & les sépultures.

Colonne historique. Colonne dont le fût est orné de bas-reliefs qui contiennent l’histoire d’un grand personnage, comme les colonnes de Trajan & d’Antonin à Rome, & celle de Théodose à Constantinople.