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coup à désirer ; nous-nous contenterons de rapporter ice le détail des diverses parties subsistantes, extrait des auteurs les plus accrédités.

On reconnoît aux extrémités de ces ruines, deux théâtres en demi-cercle, dont l’un avoit trente-quatre toises de diamétre, & l’autre vingt-quatre. Dans un de ces théâtres on apperçoit encore le portique extérieur, les salles qui servoient aux acteurs, les six escaliers par lesquels on montoit au théâtre, la porte de la scène, les portiques latéraux du proscenium, ou de l’avant-scène, l’orchestre, &c. Ce théâtre a été dessiné par Pannini, & est gravé en trois feuilles. On y a trouvé les fragmens de 48 statues dont il étoit décoré.

La palestre qui est près de-là, formoit une grande cour de 117 toises de long, sur 54 de large, autour de laquelle, suivant les débris qui en restent, il y avoit des portiques en arcades. Dans le fond est une grande niche, où l’on croit que l’empereur se plaçoit, pour faire la revue de ses troupes.

Un peu plus loin, est un autre édifice qui reste presqu’en son entier, & qui paroit avoir servi de bain. Toutes les pièces en sont fort petites, & presque toutes éclairées par en haut. Les formes de ces pièces sont toutes différentes les unes des autres, & il y en a quelques-unes qui sont assez singulières.

On reconnoit aussi un emplacement rond de 22 toises de diamétre, qui paroit avoir été une ménagerie, ensuite une naumachie de 85 toises de longeur, qui se remplissoit avec les eaux de l’Anio ; elle se terminoit à un temple. Winckelmann prétend que ce grand étang, qui servoit de naumachie, étoit revêtu de marbre jaune antique.

Une cour carrée de 30 toises en tout sens, ornée de colonnades & de portiques. Un pan de mur de 180 toises de long, percé d’arcades, à l’extrémité duquel est une petite rotonde de 9 toises de diamétre, dont la circonférence est formée par trois arcs concaves, & trois arcs convexes, placés alternativement.

Un autre édifice peu endommagé, dont plusieurs pièces sont belles, grandes bien proportionnées ; & dont les formes sont sagement variées. D’un côté sont plusieurs petites pièces qui servoient probablement, pour la commodité de la distribution ; & de l’autre les pièces de parades. On remarque sur-tout les débris d’un grand édifice, appellé Canope. Il est situé sur une colline, & forme un vaste bassin, qu’on prétend avoir été une naumachie. Au fond, on trouve une très grande niche. Tout le devant de cet édifice est tombé, à moinsqu’on ne le suppose avoir été un temple demi-circulaire, ou en forme de coquille, c’éroit le temple de Neptune que les Egyptiens ré-véroient sous le nom de Canope, & qui donna son nom à cette partie de la ville Adriene. On y a trouvé le cheval marin consacré à Neptune, Isis, Osiris, Orus, l’oiseau Ibis & d’autres hiéroglyphes qui font voir que c’étoit là le Canope. Le P. Kircher y observa des escaliers à vis, par lesquels on montoit


& l’on descendoit par deux routes différentes. Dans le fond est une espèce de grande niche, qui renferme d’autres petites niches quarrées & rondes, ayant sur le derrière des chambres voutées, & sur le devant, des dégrés l’un desquels est revêtu de marbre blanc. Dans le fond de ces niches il reste des ornemens faits avec des pétrifications. Par ce qui subsiste de cet édifice, on juge que c’étoit une grotte ornée de cascades qui étoient dans les niches quarrées dont on a parlé ci-dessus. La lumière y est répartie de façon à faire beaucoup d’effet ; &, cette partie avec la naumachie qui étoit devant, devoit former un bel ensemble.

Dans l’emplacement où est la Roccabruna, maison qui appartenoit aux Jésuites, on croit qu’étoient les endroits appellés les champs-élisées, & le royaume de Pluton ; on y avoit pratiqué des canaux pour représenter le Léthé, le Cocyte, & le Phlégéton ; des sculptures y représentoient les supplices d’Ixion, de Prométhée, &c. Dans d’autres endroits, on apperçoit encore quelques salles presqu’entières, une sur-tout qu’on appelle stauza d’Adriano, des restes de grands escaliers, des cours, des colonnades, des temples, des aquéducs. On distingue une grande place de 59 toises de long sur 42 de large, qui suivant Ligorio, étoit un hippodrome.

Du côté du nord, on trouve une autre place qui a 125 toises de long sur 56 de large, un portique circulaire avec des colonnes de 14 pieds, auquel est joint un temple quadrangulaire, qui a 53 pieds sur 44, avec son hémicycle ou tribune circulaire, qui a 36 pieds de large & sept niches carrées. Mais un des plus renommés de ces édifices, & celui peut-être qui mérite le plus d’ètre vu, selon Winckelmann, est celui qu’on nomme les cent chambres destinées pour la garde impériale ; elles n’avoient de communication l’une avec l’autre, que par une gallerie extérieure de bois, qu’on pouvoit fermer & faire occuper par une sentinelle. Il y a un bâtiment rond, où il est à croire que se tenoit le corps-de-garde, à chaque rang de vo ûte étoient deux guérites élevées sur un plancher assis sur des pierres saillantes ; dans l’une on a trouvé le nom abrégé d’un soldat, écrit en noir comme avec le doigt.

Spartien nous apprend qu’Adrien avoit rassemblé ou du moins imité dans ce palais, tout ce que l’antiquité avoit eu de plus célèbre. Le Lycée, l’Académie, le Pritanée, le Portique, le temple de Thessalie, le Poecile d’Athènes, &c. Ce Poecile étoit un double portique d’une très grande longueur, avec un mur très élevé dans le milieu, qui garantissoit du soleil à toute heure du jour ; ce mur existe encore presque tout entier, & se dirige d’occident en orient : il avoit 800 pieds de long, & étoit orné de portiques en colonnes, & de peintures comme le Poecile d’Athènes.

La bibliothèque étoit près du Poecile : il en reste un mur fort élevé avec 25 niches pour des statues. Enfin l’empereut avoit fait transporter d’Asie, d’Afri-