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Nil. Pockocke croit que c’est l’anciene Panopolis, autrefois fameuse par ses tailleurs de pierre & ses manufactures de toile. (Strab. liv. 17.) On voit encore autour de cette ville moderne les restes de l’ancienne. On trouve au nord quelques ruines d’un ancien temple, dont il reste quatre grosses pierres. L’une d’entr’elles plus remarquable que les autres, a environ 18 pieds de long hors de terre, l’autre extrémité étant sous un édifice moderne, 8 pieds de large & 3 d’épaisseur ; & il y a dessus une inscription grecque dans laquelle il est fait mention de Tibérius— Claudius. Il y a sur un autre côté de la pierre une sculpture extraordinaire, qui feroit croire que ce temple étoit dédié au soleil. Parmi les ornemens, sont quatre cercles, & dans celui qui est plus près du centre, est une figure qui, vraisemblablement, représente le soleil, les espaces compris entre les deux qui suivent, sont divisés en douze parties : dans le premier sont représentés douze oiseaux ; & dans le second douze figures effacées qui sont probablement les signes du zodiaque ; l’espace extérieur qui n’est point divisé, contient douze figures d’hommes ; dans chacun des angles, compris entre le cercle extérieur & les ornemens quarrés qui sont autour, est une figure qui représente une des quatre saisons. A côté est un globe porté par deux aîles. Ces pierres, & quelques autres d’un temple qui est auprès, sont si grosses, qu’on n’a pu les mouvoir de leur place. Les habitants n’employent aucune pierre dans leurs bâtimens, & brisent ces beaux morceaux d’antiquité pour en faire de la chaux, Environ cent verges plus haut, est une autre ruine dont les pierres sont encore plus grosses. L’entrée de ce temple paroît avoir été du côté du midi : il est presque tout bâti de pierre blanche entre-mêlée de cailloux, & ornée d’hiéroglyphes. Une de ces pierres est ornée d’étoiles, & couvroit pobablement une partie de l’édifice. On voit dans une place de la ville & dans une mosquée quantité de colonnes de granit rouge & d’autre de marbre.

ACCOLEMENT, s. m. c’est un espace de terrein entre les bordures d’un pavé & les fossés d’un chemin, ordinairement d’une toise de large & qui est, ou doit être de niveau avec les bordures du pavé pour lui servir d’élargissement.

ACCOLER, v. act. embrasser. On se sert de ce terme en Architecture, pour exprimer l’entrelacement autour d’une colonne, des branches de palmes, de lauriers, de pampres, &c. comme l’on en voit aux colonnes du baldaquin de S.-Pierre, & de quelques autres, composés à son imitation.

ACCORD, s. m. Ce terme particulièrement relatif à la Musique, l’est aussi aux autres Arts par métaphore ; il s’applique à la Peinture, par rapport au mélange des couleurs, à l’effet de la lumière & des ombres. Les Architectes l’employent, soit pour l’art de dessiner & d’ombrer leurs projets, soit plus essentiellement encore, par rapport à la


disposition du plan, à la distribution des ornemens, à l’arrangement des parties, & à l’unité de caractère & de style.

On distingue, dans l’Architecture, deux sortes d’Accord, l’un qu’on peut appeller Accord de composition, & l’autre Accord de goût & de style ; le premier consiste dans cette sage intelligence qui n’admet rien d’inutile ; qui combine le plan avec l’élévation ; qui calcule tous les rapports, & toutes les dimensions ; qui fait quadrer la décoration extérieure avec les formes intérieures ; qui satisfait l’œil par toutes les apparences de la solidité, & l’âme par une correlation de toutes les parties avec l’ensemble. Cet Accord frappe peu les sens au premier coup-d’œil ; mais les jouissances qu’il procure se renouvellent sans cesse ; on ne revoit jamais les édifices où il se trouve, sans qu’on y découvre de nouvelles raisons du plaisir qu’on éprouve ; & ce plaisir, qui résulte de la raison satisfaite, est un des plus grands que l’Architecture puisse procurer ; tel est celui qu’on ressent à la vue des édifices des Grecs, & sur-tout de leurs temples Doriques, les plus beaux modèles qu’on connoisse de cet Accord parfait, qui liant toutes les parties de l’Architecture entr’elles, rend agréable le nécessaire, & nécessaire l’agréable. C’est cet Accord qui préside sur-tout au choix des ornemens ; qui les dispense avec économie, & rejette tous ces détails parasites d’un luxe pauvrement fastueux, dont la fausse variété détruit l’unité, gâte l’ensemble, & rompt l’harmonie des édifices.

Cet Accord, l’un des premiers mérites de l’Architecture, ne se trouve que rarement dans les édifices modernes. Il n’y a point d’Accord dans le plan d’un édifice, dont la forme intérieure est d’une façon & l’extérieure d’une autre. Il n’y a point d’Accord dans l’élévation d’un temple qui présente un grand ordre dans sa décoration extérieure, & un petit dans son intérieur, non plus que dans l’ajustement de plusieurs ordres au frontispice d’un édifice dont le dedans n’en comporte qu’un seul. Il n’y a point d’Accord dans la décoration des Palais dont la façade se trouve ornée de colonnes, qui souvent y sont très-inutiles, & dont toutes les autres parties, & tous les détails offrent par trop de simplicité le contraste choquant de la plus grande richesse & de la plus grande pauvreté. Ce defaut d’Accord est trèsremarquable dans un grand nombre de monumens modernes & des plus importans où les colonnes ne semblent être qu’un hors-d’œuvre placé exprès pour mieux faire sentir la nudité de tout le reste.

Le second Accord, dont nous avons parlé & que nous avons appellé Accord de goût & de style, tient à l’union des Arts entr’eux. Il exige de l’Artiste la connoissance pratique & même l’exercice des autres Arts qui contribuent à l’embélissement de l’Architecture. Il en résulte dans les édifices cette identité de caractère, cette unité de style & de manière qui font qu’un monument semble être l’ouvrage d’un seul homme, & laissent à douter, par l’air de frater-