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ACA - ACH

On compte encore dans cette Académie douze associés correspondants, dont neuf résident dans les pays étrangers, & trois dans le royaume à cinquante lieues au moins de distance de la capitale. Les officiers des bâtimens du roi, sçavoir : les intendants, les contrôleurs-généraux, &c. ont séance aux assemblées de l’Académie, quoiqu’ils ne soient pas Architectes. Le premier Architecte du roi est directeur de l’Académie ; il y a deux professeurs dont l’un enseigne l’Architecture, l’autre la géométrie ou le toisé, la coupe, la méchanique, &c. On distribue tous les ans, à la S.-Louis, deux médailles aux élèves ; la première qui est d’or, donne droit d’être pensionaire à l’Académie de Rome. M. J. F. Blondel connu par son zèle pour les progrès de l’Architecture, avoit obtenu du feû roi, par l’entremise de M. le marquis de Marigni, que, pour avoir droit de concourir aux grands prix, les élèves devoient remporter auparavant, quelques uns des petits prix consistant en médailles d’argent, qu’on distribue tous les mois. L’Académie d’Achitecture tient ses séances tous les lundis, depuis trois heures jusqu’à cinq, au Louvre, dans un sallon de l’appartement de la reine.

ACADÉMIE, c’est encore le nom d’un lieu, composé de logemens, de salles & manège où l’on apprend à monter à cheval, & les autres exercices du corps : Vitruve appelle ce lieu Ephoebeum, du mot Ephaebus, jeune garçon.

ACADÉMIQUE, qui appartient à l’Académie, se dit assez souvent du goût & du style que les étudians contractent dans les écoles, & qu’on a vu bien dés fois s’éloigner des vrais principes de l’art, & de la marche de la nature, Ce goût ou ce style de convention qu’on appelle Académique, pour l’opposer à celui de la nature, est ordinairement le fruit de la routine, de l’exemple, & de l’esprit d’imitation aveugle, qui s’empare des jeunes gens, & qui leur fait préférer les modèles des artistes vivans, à ceux de l’antiquité & des grands maîtres. Il provient de l’habitude de se comparer à tout ce qui nous entoure, de l’émulation même qui ressère souvent l’ambition dans le cercle étroit de la jalousie. Il est aussi l’effet de cet esprit de corps, qui vient à bout de mettre tout au même niveau, & qui préfère, à l’audace du génie, l’indulgence de la médiocrité.

ACANTHE, s. f. ce mot est le nom d’une plante, & par conséquent n’est pas un terme d’Architecture ; mais il appartient à cet Art par l’application qu’on a faite de cette espèce de plante aux ornèmens de l’Architecture, & sur-tout à la décoration du chapiteau Corinthien.

On distingue deux sortes d’Acanthes, l’une sauvage & l’autre cultivée ; la première s’appelle en grec Acantha, qui signifie épine ; on la distingue de l’autre par ses feuilles plus finement découpées, & dont chaque segment se termine par un piquant assez roide & fort aigu : le verd en est aussi plus


obscur ; les sculpteurs gothiques ont copié dans leurs ornemens l’Acanthe épineuse, comme on le voit à plusieurs Eglises.

La seconde espèce est appellée, en latin, Branca Uisina, parce qu’on prétend qu’elle ressemble au pied d’un ours ; ses feuilles sont larges, lisses, découpées assez profondément en plusieurs segmens qui sont encore découpés en de plus petits lobes charnus, d’un verd obscur, luisant en dessus, & plus pâle en dessous. Entre ses feuilles s’élève une tige haute de trois ou quatre pieds, de la grosseur du doigt, garnie, vers sa partie moyenne, de quelques petites feuilles au-dessus, desquelles s’élève un bel épi de fleurs très-piquant. Sur les côtes de Barbarie cette plante sert de haie aux jardins. Cette dernière espèce, bien différente de la première que la culture ne change pas, est celle qui fut appliquée, suivant la tradition des Grecs, par le sculpteur Callimaque (Voyez Callimaque) à la décoration du chapiteau Corinthien, (Voyez Corinthien) auquel on employoit auparavant la feuille de l’olive ou celle du laurier.

Tout le monde connoît l’aventure de la corbeille recouverte d’une tuile placée sur le tombeau d’une jeune fille, & le hazard heureux qui donna lieu à la composition du chapiteau connu sous le nom de Corinthien. On a voulu ranger cette histoire au nombre des fables inventées à plaisir par la vanité Grecque, pour s’approprier des découvertes étrangères. Mais il faut distinguer, dans le chapiteau Corinthien, deux choses fort différentes & très-indépendantes l’une de l’autre : sa forme & sa décoration. Quant à la forme, il est certain que le chapiteau Corinthien existoit long-temps avant Callimaque, & que les Grecs l’empruntèrent de l’Égypte. (Voyez chap. Corinthien) L’idée de sa décoration paroît également imitée des Egyptiens, qui environnoient ce chapiteau de feuilles & de plantes sacrées. (Voyez Arch. Egypt.) Mais rien n’empêche que Callimaque ait du, à la rencontre de la corbeille, l’idée de substituer l’Acanthe aux autres plantes ou feuilles en usage avant lui dans l’Égypte & dans la Grèce ; & que l’arrangement fortuit de cette Acanthe ne lui ait suggéré cet ordre & cette disposition de feuilles dont l’usage semble avoir fait depuis une loi pour ce chapiteau. Cependant la très-grande variété qu’on observe chez les anciens dans la décoration du chapiteau Corinthien, prouve assez que sa forme ou son type fut toujours indépendant de l’ornement accessoir que la religion, l’allégorie & le goût des sculpteurs surent y appliquer de tant de manières différentes ; &, par conséquent, Callimaque peut avoir été l’inventeur du chapiteau à feuilles d’Acanthe, sans qu’on puisse, ni qu’on doive lui attribuer, quant à la forme & quant à l’essence, l’invention entière du chapiteau connu sous le nom de Corinthien. Voyez chap. Corinthien.

ACHEMIN, ville de la haute Égypte, située sur une petite hauteur, distante d’un mille à l’orient du