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AVERTISSEMENT


une foule de mots & d’articles qui ne se lioient à aucun ordre de choses ; ils se trouvet rangés & décrits aux articles qui traitent de la vie des grands architectes de tous les temps & de tous les pays. Par ce moyen, il est peu d’ouvrage remarquable qui ne vienne se présenter à nous, & qui puisse échapper à nos yeux. On n’a pas besoin d’observer combien l’histoire des artistes est nécessaire au complément des connoissances historiques d’un art. On a tâché de lui donner le degré d’intérêt que la saine critique & l’amour seul de la vérité peuvent y attacher, & toute l’extension qu’elle n’avoit pas encore reçue ; ensorte que cette branche seule de ce dictionnaire formeroit un ouvrage entiérement neuf. L’impartialité dont nous nous sommes faits la loi la plus rigoureuse, ne nous a pas permis d’étendre au-delà du commencement de ce siècle, la liste des architectes célèbres.

La métaphysique de l’art, sans ouvrir à nos recherches une carrière aussi étendue que la partie précédente, ne présente pas les objets les moins importans, les discussions les moins curieuses, les développemens les moins utiles. Cette partie est celle qui fait particuliérement connoître l’essence de l’Architecture, la nature de ses moyens, ses rapports avec les sens, l’entendement & le goût, les routes qu’il doit parcourir pour nous émouvoir & pour nous plaire, les ressorts qu’il peut employer, les véritables cordes qu’il doit toucher ; enfin, les causes des impressions qu’il nous fait éprouver, le genre de sensations & d’affections dépendantes du pouvoir que cet art a sur notre ame. On comprend combien peuvent être nombreuses les notions dont on a tenté pour la première fois le développement par rapport à l’Architecture. Elles comprennent les idées d’ordre, de symmétrie, d’unité, de variété, de beauté, d’harmonie, de discordance, d’invention, de génie, d’imitation, &c. Ces notions se trouvent aux articles dont on vient d’indiquer un petit nombre de noms ; mais elles sont aussi répandues dans beaucoup d’autres dont il seroit difficile & superflu de faire ici l’énumération. La partie métaphysique est celle qui nous a offert le plus de difficultés & le moins de ressources. Les ouvrages qui nous ont précédés, n’ont pas même tenté de l’effleurer. Aussi, en présentant cette partie sous l’aspect de la nouveauté, le plus propre peut-être à lui faire trouver quelques lecteurs favorables, nous croyons avoir droit à l’indulgence que méritent tous les genres d’essai.

La théorie de l’Architecture en est la partie peut-être la plus importante à tous égards ; elle intéresse toutes les espèces de lecteurs ; elle guide l’artiste dans ses ouvrages, & le public dans le jugement qu’il en porte.

La partie théorique est très-distincte de la métaphysique ; elle en est le résultat : ses principes n’ont de force & d’évidence qu’autant qu’ils sont fondés sur les élémens des notions précédentes. On s’est donc appliqué à les bien distinguer & à mettre dans ces connoissances limitrophes tout le discernement dont elles sont susceptibles. La partie métaphysique embrasse particuliérement l’essence de l’art ; la partie théorique comprend les règles que l’art a reçues de la nature, celles même qu’il s’est données volontairement. C’est à cette partie qu’on rapporte le systême de son imitation, les observations fondées sur les régles de l’optique, les loix des proportions, les maximes de goût déterminées