Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T1.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iv
AVERTISSEMENT


semblent insulter le ciel, depuis la tente du pasteur & ses demeures ambulantes, jusqu’aux temples de la divinité !

On y distingueroit peut-être le goût original de chaque peuple, l’empreinte de son génie, de ses institutions politiques & religieuses ; on y découvriroit quel fut ou dut être le genre de vie des premières sociétés qui fondèrent des états. On y liroit le développement de leurs connoissances, le point de maturité où elles purent parvenir, les obstacles que la nature mit à leurs progrès, & ceux que la politique seule y entretint. On y verroit écrites ces nuances remarquables de goût & de génie, par lesquelles la nature a peut-être séparé à jamais l’espèce humaine, comme elle lui en a imprimé de visibles & de matérielles par la couleur & la forme. Enfin, quelles leçons la philosophie & l’histoire n’y puiseroient-elles pass.

Nous n’oserions nous flatter d’avoir porté cet ensemble au degré d’utilité que nous venons de faire sentir. Du moins avons-nous fait tous nos efforts pour rassembler les traits & les couleurs propres à rendre ce tableau aussi vrai qu’intéressant, & susceptible d’être perfectionné par ceux qui viendront après nous.

Cependant, l’art de l’Architecture proprement dit, ou l’art des Grecs, est toujours le but principal de la partie historique. Pour en embrasser toute l’étendue, nous avons cru devoir réunir aux notions de l’histoire, la description des monumens. Voulant introduire de l’ordre dans cette foule d’objets, & les classer avec méthode, nous n’avons pas trouvé de meilleur moyen que d’annexer ces notions à la description des villes antiques, dont les restes nous sont parvenus, & à la biographie des grands architectes de tous les temps.

Ainsi, ce n’est point fous le rapport géographique que l’on doit considérer tous les noms de ville répandus dans ce dictionnaire. Ils n’y figurent que pour nous donner lieu de décrire les monumens échappés aux ravages du temps & de la barbarie. C’est un cours complet de monumens que nous avons prétendu insérer dans cet ouvrage, à dessein d’épargner au lecteur les recherches & les extraits pénibles que le simple curieux n’entreprend jamais, & que l’artiste a rarement le loisir ou le pouvoir de faire. Dans cette partie descriptive, nous avons appellé à notre secours les autorités des voyageurs les plus accrédités, & nous les avons pesés avec la critique la plus impartiale. Un avantage que nous avons dans un très-grand nombre de ces articles, c’est de décrire ce que nous avons vu, de pouvoir parler comme témoin oculaire & d’après les sensations que de longs voyages & un séjour de plusieurs années dans les plus belles régions des arts nous ont mis à portée d’éprouver, & nous ont donné le desir de communiquer. Nous n’avons adopté aucune méthode dans la dénomination de ces villes antiques. Nous avons mis sous leur nom ancien, celles dont le nom moderne différoit entiérement de l’antique. Nous avons conservé les noms modernes à celles dont le nom n’a subi d’autre changement que celui de la terminaison françoise. Nous n’avons pas épargné les renvois qui pouvoient en faciliter la recherche, sans nous astreindre à l’exactitude du géographe, ni au scrupule de l’antiquaire.

Les monumens modernes ne pouvoient trouver place dans cet ouvrage sans offrir