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84 AIR AIR


léger que l’eau, ne contenant sans doute que très-peu de matière, sous un volume fort étendu : il est transparent malgré son épaisseur, parce que toutes ces parties, qui sont dans un mouvement continuel, lui procurent la faculté de donner, accès de íous côtés aux rayons de lumière qui émanent des corps lumineux.

L’air se condense ou se resserre lorsque ces parties, sont renfermées dans un corps qui le presse & le réduit par là en un moindre volume[1]. Il se dilate au contraire aussitôt qu’on leve l’obstacle qui le tenoit ainsi renfermé, & cette dilatation se fait avec un effort d’autant plus grand, qu’il avoit été réduit en un moindre volume. Cette dilatation de l’air est cause qu’il reste constamment fluide ; s’il étoit compressible, sans être élastique, ses parties pouvant être extrêmement rapprochées formeroient un corps dur.

L’air est sans contredit le plus léger de tous les corps, si on en excepte le feu ; mais il n’en est pas moins-assujetti à la loi commune qui les oblige tous à tendre vers le centre de la terre[2].

Quelque fluide que soit l’air, il ne peut cependant pénétrer certains corps au travers desquels l’eau passe facilement. Il ne passe point au travers du papier & de quelqu’autres matières propres à filtrer l’eau, sans doute parce que ces parties sont d’une figure fort différente, ou qu’elles sont peut-être plus grossières & moins subtiles que l’eau.

C’est par le moyen de l’air que le bruit parvient jusqu’à nos oreilles. L’agitation ou le choc des corps étrangers occasionne dans l’air un mouvement de vibration semblable en quelque sorte aux ondulations que l’on voit se former dans une eau tranquille, lorsqu’on y jette une pierre : si l’oreille est éloignée du corps sonore, le bruit se fait entendre avec moins de force, ces vibrations ayant alors plus d’étendue à raison de l’éloignement où elles sont du centre de leur mouvement : c’est aussi par cette même cause que le bruit est plus ou moins de temps à parvenir jusqu’à nous.

Si les vibrations de l’air sont promptes & vives, elles produisent un son clair & aigu ; si elles sont peu fréquentes dans un même espace de temps, c’est, au contraire un son grave : d’où il suit que la différente longueur, ou le degré de tension de tous les corps sonores, font varier leurs sons en formant tous les tons par la différence des vibrations, l’air étant alors différemment modifié. Les autres propriétés de l’air appartiennent entièrement à la physique expérimentale/ & ne sont pas nécessaires pour l’intelligence des récréations qui suivent.

De la machine Pneumatique.

La machine pneumatique [figure première, planche cinquième Amusemens de physique] est composée d’un corps de pompe A, dont l’ouverture jusqu’en B, a environ deux pouces de diamètre ; la partie supérieure C est percée d’un trou d’un quart de pouce de diamètre, & elle se termine au-dessus de la platine D sur laquelle elle est soudée[3] ; cette partie excédente est taraudéè pour pouvoir y visser les différentes pièces avec lesquelles on veut faire le vuide. La partie C est garnie d’un robinet, fermant très-exactement ; ce robinet est percé de deux trous, dont, l’un qui le traverse se trouve dans la direction du corps de pompe, & l’autre communique à un trou fait au centre & sur la longueur du robinet ; le piston H est ajusté sur une branche de fer I, dont l’extrémité inférieure I, est terminée en forme d’étrier, afin de pouvoir l’abaisser avec le pied : une autre branche M ajustée sur celle I, & recourbée en montant, est terminée par une main N qui sert à relever le piston. Le tout est supporté sur un bâtis de bois triangulaire, comme le désigne cette figure.

Lorsqu’on veut faire le vuide d’un récipient, on couvre la platine D avec un cuir mouillé & percé à son centre ; on pose au-dessus le récipient G, & le robinet etant dans une position convenable, on abaisse le piston avec le pied ; on tourne ensuite le robinet un quart de tour[4], afin que la seconde ouverture se trouvant placée vers la partie A du corps de pompe, on puisse, en remontant le piston, faire échapper en dehors l’air qui a été pompé & qui se trouve dans la partie A. On remet ensuite le robinet dans sa première direction ; on pompe de nouveau ; & ainsi de suite, jusqu’à ce que par la résistance du piston, on juge que le vuide est bien fait.

Soulever un poids considérable pour la raréfaction de l’air[5].

A (figure deuxième, planche cinquième, amusemens de physique) est un globe de cuivre creux, de trois à quatre pouces de diamètre surmonté

  1. L’air se condense aussi par le froid, & se raréfie par la chaleur.
  2. Les expériences qu’on fait sur l’air par le moyen de la pompe pneumatique, prouvent que sa pesanteur est neuf cents fois moindre que celle de l’eau ; d’où il suit qu’un pied-cube d’eau pesant environ 70 livres, la pesanteur d’un pied-cube d’air est à peu-près une once deux gros.
  3. Cette platine est soutenue par trois branches de cuivre en forme d’ornement, & elle a un rebord de 3 à 4 lignes.
  4. La communication de la partie A du corps de la pompe avec le récipient se trouve alors fermée.
  5. Cette machine est semblable aux deux hémisphères de Magdebourg, excepté que la surcharge du poids occasionne un bruit considérable.