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trouvera entièrement remplie de vin, & si on la retire alors de dedans le cylindre, il ne s’en écoulera aucune partie, par ces deux trous, attendu que l’air n’y peut entrer : il paraîtra donc que l’eaU qui y étoit contenue, aura été chaugéeen vin.

On prendra la bouteille, & posant sans affectation le doigt à l’endroit où elle est percée pour en boucher le trou, on l’emplira d’eau, on la bouchera aussitôt très-exactement & on annoncera qu’on va la changer en vin ; pour cet effet, on la posera dans le réchaud, comme il a été expliqué après y avoir mis à l’avance, & secrettement, le vin qui doit entrer dans la bouteille : peu de temps après on retirera, la bouteille, & on la fera voir pleine de vin, & posant le doigt sur les petits trous, on la débouchera & on le versera dans un verre, afin de faire connoître que cette nouvelle liqueur est effectivement du vin.

Nota. Cette récréation n’est autre chose que l’expérience physique du passe-vin déguisé sous une forme propre à produire une récréation amusante & extraordinaire ; on peut mettre quelque matière dans la partie extérieure du réchaud, pour faire accroire, que c’est par cé moyen que se fait cette opération ; elle servira en même temps à empêcher qu’on ne juge qu’il y a un faux fond. Il est bon aussi de couvrir la bouteille, afin qu’on ne voye pas de quelle manière se fait cette opération. Voyez Passe-vin.

Airs inflammables pour un spectacle de feux d’artifice. Cette invention agréable est fondée sur la théorie des gaz inflammables ; M. Diller en a fait l’application la plus ingénieuse, & au moyen d’une méchanique très-compliquée en apparence, mais de l’exécution la plus simple, il a créé un spectacle nouveau, de l’agrément duquel il est difficile de se former une idée sans savoir vu. Les premières expériences de M. Diller furent faites au Pantheon, à Paris, le 25 juin dernier, & elles obtinrent tout le succès qu’il pouvoit en attendre. Nous allons puiser, dans le rapport de MM. les commissaires de l’académie des sciences, les notions nécessaires, pour faire connoître à nos lecteurs la découverte de M. Diller.

« M. Diller, est-il dit dans ce rapport, emploie trois différens airs ou gaz inflammables qu’il désigne par la couleur de leurs flammes ; l’air blanc, l’air bleu & l’air vert. Sans faire un mystère de ses recherches, M. Diller n’a point dit par quels procédés il retire ces trois fluides élastiques. La diversité de la couleur de ces flammes dépend du mélange des différens gaz ; l’air blanc frappe surtout par l’éclat & par l’intensité de sa flamme. M. Diller le propose pour l’usage des phares ; une propriété bien précieuse de ces trois gaz, est de ne point détonner avec l’air atmosphérique. Le mélange de cet air, avec ces trois gaz, en modifie


seulement les flammes, en affoiblissant leurs nuances ; de sorte que M. Diller en a fait un de ses procédés les plus utiles. Il ne fait point usage du gaz inflammable préparé avec le feu, qui a l’inconvénient de détonner, & qui d’ailleurs produit une flamme beaucoup moins belle. Par une petite addition de ces gaz, on fait perdre au gaz inflammable préparé avec le fer, cette propriété de détonner avec l’air atmosphérique ».

« Qu’on se figure maintenant une fuite de canaux qui se remplissent séparément de trois divers fluides élastiques inflammables ; qu’on termine les extrémités de ces canaux par une infinité de tubes ouverts, & qu’on se peigne les ouvertures de ces tubes tournées en haut, en bas, de côté, en devant, ayant les formes de tuyaux ronds, de quarrés, de fentes, d’étoiles, &c ; & l’on concevra quelle variété d’effets on peut attendre de ces machines ».

« Les appareils à feu de M. Diller reçoivent une nouvelle variété, par les mouvemens qu’il a su imprimer à des tubes à flammes, soit par le gaz, soit par méchanique ».

« Des vessies, pleines chacun en particulier, des trois gaz que nous avons désignés, placées sous les bras de M. Diller, qui les compriment plus ou moins fortement, donnent par l’inflammation de ces gaz, & par le moyen des tubes diversement percés par lesquelles elles sont terminées, des flammes différentes de couleur, d’étendue, d’éclat & de formes. Ce sont successivement des soleils, des étoilés, des triangles, des croix de Malte, dont les nuances varient sans cesse au gré de M. Diller ».

Les machines dont il a parlé plus haut, servent, aussi à produire des variations, & des effets curieux & intéressans. « Ces machines offrent en général des figures d’animaux, de plantes, & d’autres objets dont la décoration est intéressante ; à l’aide des tubes communiquans, M. Diller les offre par parties. Des troncs d’arbres se chargent de feuilles, de fleurs & de fruits ; des animaux se poursuivent & s’évitent : l’œil est toujours agréablement frappé. Enfin, par une méchanique particulière, M. Diller communique le mouvement à deux animaux, l’un représentant un serpent & l’autre un dragon, qui parcourent une courbe très-irrégulière, en prenant eux-mêmes diverses figures, par des mouvemens particuliers communiqués aux différentes parties de leurs corps ; effet qu’il étoit extrêmement difficile de produire ».

ALCHYMIE : (Voyez aux articles Chymie, Or, Pierre Philosophale).

ALPHABET ÉNIGMATIQUE : (Voyez à l’article Devin de la Ville).


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