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se fixa à Berlin, où il remplit les fonctions de préposé ecclésiastique, inspecteur et assesseur consistorial. Spener mourut dans cette ville en 1705.

Dès l’année 1670, Spener avait organisé chez lui des conférences (collegia pietatis) qui furent très suivies, et où se traitaient des questions religieuses. Plusieurs théologiens orthodoxes ayant blâmé ces réunions privées, Spener les transféra plus tard dans l’église. Il continua ces pieux exercices à Dresde, où il encourut la disgrâce de l’électeur, à cause des accusations qui s’élevèrent contre lui de la part de l’université de Leipzig et d’autres côtés. Spener, quoique profondément pieux, était trop homme d’esprit et trop éclairé pour déclarer une guerre aveugle à la philosophie il n’était pas non plus étranger au monde et à ses habitudes ; mais ses efforts furent méconnus et calomniés par des hommes qui ne le comprenaient pas, et souvent dénaturés par ses partisans, qui le comprenaient mal : chez ceux-ci, malgré lui, la dévotion dégénéra en vaines pratiques. Cependant on ne peut nier que Spener n’ait beaucoup contribué à ranimer en Allemagne le zèle religieux et la vie chrétienne. Il marqua profondément, et eut une école nombreuse. Ses écrits sont De la nécessité et de la possibilité d’un christianisme actif, Francf.-sur-Mein, 1687, in-4o ; Devoirs évangéliques de l’homme, recueil de sermons, 1688 ; Dogmatique évangélique, 1688, in 4° ; Pia desideria, 1675-78, in-12 ; Theoiogische Bedenken c’est-àdire Considérations ou Scrupules théologiques, 4 part., Halle, 1700-9, in-4o ; Dernières considérations théologiques, publ. par C.-G. de Canstein, 3 part., Halle, 1711, in-4o ; quelques brochures publ. par Steinmetz sous le titre de Consilia theologica, 3 part. Halle, 1709, in-4o. Deutchmann, dans une espèce d’acte d’accusation, s’est efforcé de trou ver dans les ouvrages de Spener 264 contradictions avec la Bible et les Livres symboliques. On peut consulter sur ce théologien W. Holsbach, Spener et son époque, 2 part., Berlin, 1828 Vie de Spener par Canstein publ. par J. Lange, Halle, 1740 ; Biographie de Spener, par Suabedissen, dans les Communications de Bœttiger et de Rochlitz. X.

SPENSER (Edmond), célèbre poëte anglais, naquit à Londres vers 1553. On ignore où il commença son éducation, mais il la termina à Cambridge, à Pem broke Hall où il obtint le grade de maitre ès arts en 1576. Après avoir quitté l’université, il se fixa pour quel que temps dans le nord de l'Angleterre, probablement comme précepteur, et là il s’éprit d’une jeune personne qui finit par lui préférer un rival cette passion malheureuse lui inspira son Calendrier du Berger (Shepherd's Calendar), où sa belle est désignée sous le nom de Rosa linde. Ce poëme, plein de mélancolie, parut en 1579. Protégé par sir Philippe Sidney, lord Grey de Wilton, sir W. Ralegh, qu’il célébra sous le nom de Shepherd of the Ocean (Berger de la Mer), Spenser fut établi en Irlande, sur des terres confisquées au comte de Desmond ; il y composa trois livres de sa Fairy Queen (Reine des Fées), poëme chevaleresque, qu’il dédia à Élisabeth (1590), dont il reçut une pension annuelle. de 50 liv. st. (1,250 fr. ). Les troubles de l'Irlande lui firent quitter ce pays et écrire un Aperçu de l’étal de l'Irlande dont sir James Ware fait un grand éloge. En 1596, il fit paraitre une nouvelle édition de sa Fairy Queen, avec trois livres de plus. Des six autres qui devaient compléter le poëme, on n’a que deux chants (cantos of Mutabilitie) introduits dans l’édition in-fol. de 1609, comme faisant partie d’un livre perdu, dont le titre était The legend of Constancy. Il est probable que les six livres en question ne furent jamais terminés, et que des fragments en ont été perdus lorsque le poète se sauva d'Irlande. Les circonstances de sa fuite, causée par un soulèvement populaire, furent des plus douloureuses, car un de ses enfants au berceau fut brûlé avec sa maison. Le malheureux poëte arriva en Angleterre le cœur navré, et y mourut trois mois après, le 166 janv. 1599. Il fut enterré dans l’abbaye de Westminster, où la comtesse Anne de Dorset lui fit élever un monument. L’amitié de plusieurs personnages distingués dépose en faveur du caractère personnel de