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tirent du sanctuaire ; les troubadours, les trouvères, les jongleurs et les ménestriers eurent des chants plus variés, des bouffonneries plus piquantes. Enfin des confréries se formèrent pour de pieuses représentations théâtrales, et ce genre in forme, en se développant, est devenu l'arbre le plus fécond de la littérature française (voy. Mystères, Sotties, etc.). Un peu plus tôt, un peu plus tard des germes semblables ont enrichi l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne. Partout le drame, sous des formes variées, est devenu le plus noble des plaisirs, sans qu'il ait pu cependant se substituer à tous les spectacles la Péninsule, par exemple, ne renoncera pas de longtemps encore à ses sanglants combats de taureaux (vif.), et nous aurons bientôt pour les courses hippiques le même engoûment que l'Angleterre. Cependant nos théâtres se sont constamment multipliés, et, quoi que l'on puisse penser de leur phase actuelle en France, et même de leur crise en Europe, ils ne cesseront pas d'avoir une large part de nos heures de loisir ; les spectacles variés qu'ils nous offrent seront toujours le charme des âges, des sexes, des états différents. Que l'autorité les soumette à une censure sévère ou qu'elle leur laisse une entière liberté, ils seront toujours un enseignement public d'où l'on remportera des leçons de vice ou de vertu ; car tel est le pouvoir de l'imitation, que ce qu'on entend dire et répéter aux personnages ne sera jamais sans influence sur les spectateurs. J. T-v-s.

SPECTRE, voy. Revenant.

SPECTRE SOLAIRE, voy. Lumière.

SPÉCULATION (de speculari, observer), action d'observer attentivement, de se livrer à une méditation profonde. C'est donc, en d'autres termes, la réflexion philosophique, la pensée abstraite s'exerçant avec suite et profondeur. Dans le langage des affaires, le mot spéculation s'entend particulièrement des projets, des raisonnements, des calculs et des entreprises que l'on fait en matière de banque, de finance, de commerce. Un projet qu'on a formé réussit-il un établissement qu'on a ouvert rapporte-t-il de bons bénéfices ; les marchandises qu'on a achetées se placent-elles avantageusement, on a fait une bonne spéculation. Mais ce mot entraîne le plus souvent avec lui l'idée d'une opération hasardée, chanceuse. Suivant J.-B. Say, le commerce de spéculation consiste plutôt à acheter une marchandise lorsqu'elle est à bon marché pour la revendre lorsqu'elle est chère, qu'à l'acheter au lieu où elle vaut moins pour la revendre au lieu où elle vaut plus, ce qui, pour le savant économiste que nous citons, constitue le véritable commerce. Z.

SPENCER (lord John-Charles), comte et pair d'Angleterre, né le 30 mai 1782, investi de ce titre à la mort de son père, le 10 nov. 1834. Nous lui avons consacré un article sous le titre qu'il avait porté jusqu'alors, de vicomte Althorp. Le père, qui fut premier lord de l'amirauté, de 1794 à 1800, et qui, sous le ministère Fox et Grenville, remplit pendant quelque temps les fonctions de secrétaire d'état de l'intérieur, est surtout célèbre par sa précieuse bibliothèque, la plus grande peut-être qui ait été fondée par un particulier. Il en a été question à l'art. Dibdin. La majeure partie de cette riche collection se trouve au château d'Althorp, dans le Northamptonshire le reste est à Londres. La famille Spencer est investie du titre de comte depuis 1765 ; mais en 1761 elle avait déjà reçu ceux de vicomte et de baron.

George Spencer, frère du comte actuel, est connu pour avoir abandonné la foi de ses pères. Ordonné prêtre à Rome, le 25 mai 1832 il dessert la congrégation de West-Bromwich, comté de Slafford. Z.

SPENER (Philippe-Jacques), le fondateur du piétisme (voy.) en Allemagne, naquit à Ribeauvillé (Haut-Rhin), le 28 janv. 1635. Après avoir terminé ses études théologiques à Strasbourg, il fit des voyages, fut autorisé à ouvrir des cours publics, et reçut, en 1664, le bonnet de docteur. En 1666, il fut appelé à Francfort-sur-le-Mein en qualité de senior ou doyen du clergé luthérien de cette ville. Plus tard (1686), il échangea ce séjour contre celui de Dresde, où il fut nommé premier prédicateur de la cour ; enfin, en 1691, il