fut commencée ; mais ce travail fut interrompu en 1793, année où Anquetil, enveloppé dans la proscription du clergé, fut enfermé à Saint-Lazare, où il resta jusqu'au 9 thermidor. Ces malheurs avaient dérangé sa modique fortune : il crut la rétablir en publiant son Histoire universelle ; mais le libraire auquel il en avait cédé le manuscrit ayant éprouvé des malheurs, les honoraires ne lui furent pas payés, et il resta dans une situation voisine de la détresse. Toutefois il ne tarda pas à en être tiré : Anquetil, avant la révolutiou, était correspondant de l'académie royale des belles-lettres, et, à l'organisation de l'Institut national, son mérite le fit nommer membre de la seconde classe. Presque en même temps, il fut attaché aux archives du ministère des affaires étrangères, et pour se rendre utile dans cette nouvelle position il publia son ouvrage intitulé Motifs des guerres et des traités de paix de la France. Jouissant alors d'une honnête aisance, il put consacrer la presque totalité de son temps aux recherches historiques qui étaient sa passion, et travaillant dix heures par jour avec une ardeur qui ne se lassait point, il n'acheva pas seulement l'Histoire universelle, mais son âge avancé ne l'empêcha pas de commencer un ouvrage nouveau, également à longue haleine, l' Histoire de France, sa dernière et aussi sa plus faible production. Sa santé, fruit d'une humeur égale et d'une vie très régulière, se soutint, au milieu de tous ces travaux, jusqu'à l'âge de 85 ans ; et quand enfin le terme de sa vie approcha il fut sans inquiétude. Jusqu'au dernier moment, il douta de l'imminence de sa mort, et il dit, la veille de cet événement, à un de ses amis : Venez voir un homme qui meurt tout plein de vie. Cette mort, arrivée le 6 septembre 1808, fut un sujet de regret pour tous ceux qui l'avaient connu, car la douceur de ses mœurs et la franchise de son caractère lui avaient fait un grand nombre d'amis.
Ses principaux ouvrages sont : 1° His-
toire civile et politique de la ville de Reims, 3 vol. in-12, 1756-57, travail d'un mérite réel et que lui-même jugeait tel à un âge plus avancé. On y trouve des recherches curieuses dégagées pourtant de ce pédantisme qu'on reprochait à ses érudits devanciers. Anquetil, dit-on, n'en fut pas seul auteur ; il eut pour collaborateur Félix de la Salle qui ne s'est point nommé. 2° Esprit de la Ligue ou Histoire politique des troubles de France, pendant les xvie et xviie siècles, 3 vol. in-12, 1767. Cet ouvrage, qui a eu trois éditions, jouit long-temps d'une certaine vogue. 3° Intrigue du Cabinet sous Henri IV et sous Louis XIII, terminée par la Fronde, 4 vol. in-12, 1780. 4° Louis XIV, sa cour et le régent, 4 vol. in-12, 1789, ouvrage qui fait suite à l'ouvrage précédent, mais qui a encore moins de mérite, quoiqu'il fût trouvé piquant au moment de sa première publication. 5° La vie du maréchal de Villars écrite par lui-meme, suivie du Journal de la cour de 1724 à 1734. Cet extrait des mémoires composés par le maréchal eut deux éditions dont la première parut en 1787, en 4 vol. in- 12. 6° Précis de l'Histoire universelle, publié d'abord en 1797, en 9 vol. in-12, et depuis souvent. Cet ouvrage qui fut traduit en anglais, en espagnol et en italien, pèche par le manque presque absolu de recherches nouvelles, et n'est au fond qu'un abrégé de la grande Histoire universelle, publiée par les Anglais, qui fut traduite dans toutes les langues. 7 ° Motifs des guerres et des traités de paix de la France, pendant les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, 1789, in-8o. 8° Histoire de France, depuis les Gaules jusqu’à la fin de la monarchie, 14 vol. in-12, 1805 et suivans. Trop souvent cet ouvrage trahit la précipitation d'un vieillard octogénairé pressé d'arriver à la fin pour ne point laisser son œuvre incomplète. A tous ces travaux il faut ajouter les nombreuses dissertations insérées dans les volumes des Mémoires de l'Institut. J. H. S.
