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de Charles II ; ce sont le duché de Norfolk, créé en 1483, et celui de Somerset qui est de 1546. Charles II réservait cette dignité à ses enfans naturels, et dans les temps modernes on paraît avoir adopté pour règle de ne nommer ducs que les princes de la famille royale ; depuis 1766 il n’y a été dérogé qu’en faveur de lord Wellington. Il existe actuellement treize ducs anglais, sans compter les ducs écossais qu1 appartiennent en même temps à l’Angleterre ; la plupart réunissant à leur titre principal des marquisats, des comtés, des vicomtés et des baronnies, de même que généralement en Angleterre les titres les plus élevés comprennent d’autres titres inférieurs. La dignité de marquis n’est pas commune ; en 1789 il n’y avait dans toute l’Angleterre qu’un seul marquis ; on en compte maintenant dix-sept ; il y en a trois en Écosse et douze en Irlande. Ce titre date de Richard II, qui, pour donner un rang à son favori Robert-de-Vère immédiatement après les ducs, le créa marquis de Dublin. Les ducs et les marquis sont qualifiés princes en style de chancellerie. Viennent ensuite les comtes, dont le titre est le plus ancien de tous ; celui de vicomte date du règne de Henri VI, et on ne l’a jamais prodigué. Il existe maintenant en Angleterre 22 vicomtes ; 4 en Écosse, 52 en Irlande. Le nombre des comtes et des barons sera indiqué à l’article Parlement. Les membres de la haute noblesse portent le titre de lord ou seigneur : ils sont pairs du royaume et barons du parlement (baron of parliament). Le maire de Londres n’est qualifié de lord que pendant la durée de ses fonctions. Les archevêques et les évêques jouissent personnellement du rang et des droits de la haute noblesse (voy. Parlement). Toutes ces dignités passent à l’aîné des fils. Pendant la vie du père, les aînés, qui n’ont, en style de chancellerie, que le titre d’écuyers, prennent le second titre de la famiUe, et s’il n’y en a qu’un, on les appelle seulement lords. Les autres priviléges de la haute noblesse sont très insignifians. Dans les affaires criminelles ils sont traduits devant la chambre des lords, maïa dans les affaires civiles ils sont justiciables des tribunaux ordinaires. Lorsqu’ils siégent comme juges, ils ne prêtent point serment, mais ils le prêtent comme témoins. La calomnie contre les nobles, qualifiée dans les anciens statuts de scandalum magnatum, est passible de peines particulières ; mais cette loi n’est plus appliquée. Tous les fonctionnaires, à partir du juge de paix, les docteurs ès-lois et les membres du barreau ou barristers ont le droit d’ajouter à leurs noms le titre d’esquire, écuyer. Les fils aînés des chevaliers et les fils puînés des pairs tiennent ce titre d’écuyer de leur naissance, et le transmettent par succession à leurs enfans màles. Les nobles étrangers, même les pairs d’Irlande, ne sont reconnus en Angleterre que comme simples écuyers. La classe des chevaliers, knights (voy. ce mot), forme un degré plus élevé. À cette classe appartiennent les baronnets dont le titre est transmissible par succession. Le roi Jacques 1er  les institua en 1611, lorsqu’il eut besoin d’argent pour faire une campagne contre les révoltés d’Irlande. Il se trouva 100 personnes qui donnèrent chacune 1,000 livres sterling, pour obtenir, comme seule récompense, l’honneur de faire précéder leurs noms du mot sir, et de mettre dans leurs armoiries une main sanglante, signe distinctif de la province d’Ulster. Blackstone, dans ses célèbres Commentaires sur le droit anglais, s’est rangé lui-même dans la classe des bourgeois : cependant on appelle bourgeois, dans le sens le plus restreint, d’abord les propriétaires jouissant d’un revenu annuel d’au moins 40 shellings (yeomen), et ensuite les marchands en détail (tradesmen), les ouvriers et journaliers (labourers).

Nulle part on ne voit l’extrême misère et l’extrême opulence sonner un contraste plus frappant par leur proximité qu’en Angleterre. Le gain annuel d’une famille dans les classes les plus pauvres s’élève à 45 livres sterling, et dans les villes à 48 livres sterling. De plus, près d’un million et demi d’individus n’ont pas même les objets les plus nécessaires à la vie, et reçoivent des paroisses, à titre d’aumône, les trois cinquièmes de la somme indispensable à leur existence. La taxe des pauvres a produit en Angle-