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iv DISCOURS


Ainsi, ce n’est pas précisément aux savans, c’est avant tout aux gens du monde, c’est-à-dire à tous ceux chez qui le besoin d’une instruction supérieure est éveillée, que les Encyclopédies s’adressent. Les premiers y recourent avant d’être savans, ou pour les branches dans lesquelles ils ne le sont pas : pour les autres classes, elles sont le livre de tous les jours ; nous dirions presque le livre par excellence si cette qualification n’était consacrée par le respect des hommes pour désigner le précieux dépôt des vérités religieuses.

L’objet des Encyclopédies ainsi défini, on sent que la première condition à remplir par cette sorte d’ouvrages, c’est d’être dégagés de tout appareil d’érudition pure, même en embrassant la science dans toute son étendue ; d’être clairs mais concis, simples et néanmoins composés avec art, le plus courts possible, mais complets malgré cette brièveté. On comprend aussi que nos grandes Encyclopédies, monumens dont à Dieu ne plaise que nous contestions le mérite, mais ouvrages systématiques et très volumineux, n’atteindraient pas le but indiqué, quand même ils n’auraient pas vieilli sous tant de rapports.

Le champ était donc ouvert ; le prix restait au concours : il nous était permis d’entrer en lice, et d’aspirer aux honneurs du combat. Nous ne nous dissimulions pas combien la tâche était grande, laborieuse, peut-être au-dessus de nos forces ; mais la voyant si élevée, si noble, si éminemment utile, nous nous sommes dévoués à son accomplissement, sûrs de l’appui d’un grand nombre d’hommes qui sont l’honneur des lettres et les oracles de la science, et nous flattant de trouver dans les suffrages du public que nous voulions servir les encouragemens dont nous aurions besoin dans une carrière longue et si épineuse.

Dans le même traité sur le mot Encyclopédie et sur ses divers genres, dont nous avons déjà cité quelques passages, M. Guizot, suppose la nécessité de deux Encyclopédies différentes liées entre elles, l’une élémentaire, l’autre savante ; « afin, dit-il, qu’à côté des sources d’une instruction moyenne, coulent parallèlement les sources d’une science plus profonde, toujours voisines bien que séparées, toujours accessibles à quiconque y voudra puiser. »

« Quant à L' Encyclopédie élémentaire, continue-t-il, il est clair que toute apparence de prétention scientifique ou littéraire en doit