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ij DISCOURS

mot, est moins avancée que la civilisation sociale. C’est donc de la civilisation intellectuelle qu’il faut seconder les progrès ; il faut se hâter de répandre des connaissances, des principes qui rétablissent entre les pensées et les situations, les esprits et les existences, cet équilibre, cette harmonie qui fait l’éclat et assure le repos de la société. C’est là le premier et le plus noble besoin de notre époque. Il y a un étrange aveuglement à lui en contester la satisfaction. »

Réflexions pleines de vérité et d’élévation, et qui caractérisent l’homme auquel l’avenir de la France se trouve confié au moyen de l’éducation publique ! Et afin de déterminer d’une manière plus expresse l’utilité des Encyclopédies, il ajoute dans un autre endroit :

« Les Encyclopédies, plaçant une foule d’idées et de faits à la portée d’une foule d’hommes qui n’y songeaient point, qui sans cela peut-être n’en auraient jamais entendu parler, font pénétrer partout et arriver pour ainsi dire de toutes parts cette provocation dont notre intelligence a besoin. Les ouvrages spéciaux ne parviennent qu’aux hommes qui les demandent et ont formé d’avance le dessein de s’en servir. Par la voie des Encyclopédies les connaissances de tout genre vont au-devant de tous les lecteurs : les regards de celui qui s’occupe d’histoire y tomberont sur un article de philosophie : y cherchez-vous le sens de quelque terme ? l’explication pratique d’un art appellera votre attention. C’est comme un vaste bazar intellectuel où les résultats de tous les travaux de l’esprit humain s’offrent en commun à quiconque s’y arrête un moment, et sollicitent à l’envi sa curiosité. »

Les avantages qui résultent de ce spectacle de la science dans ses diverses parties sont immenses ; car dans le domaine de l’intelligence rien n’est isolé, tout se tient, et un coup d’œil jeté par hasard sur une branche nouvelle ne manque pas de répandre une vive clarté sur celle dont on s’était occupé auparavant. Plus on apprend, mieux on sait ce qu’on avait appris. Peu à peu les choses nous apparaissent dans leur étroite liaison, dans cet enchaînement qui les met en lumière et leur donne de l’intérêt : l’horizon individuel s’étend ; les préjugés et les chances d’erreur s’affaiblissent.

On peut le dire, les connaissances ne sont véritablement utiles et ne nous appartiennent en propre qu’à la condition qu’elles soient encyclopédiques, c’est-à-dire enchaînées, vues dans leur ensemble,