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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.


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LEs Encyclopédies se multiplient de plus en plus dans tous les idiomes. Leur utilité est universellement reconnue, et les besoins de l'époque les réclament. Après de longues agitations politiques, après les essais les plus multipliés, les expériences souvent les plus hardies, nous cherchons à transformer en un système plus ou moins complet de notions positives et de vérités applicables les laborieux résultats des épreuves par lesquelles nous avons passé ; pressé de jouir des améliorations qu'appellent l'état actuel de la société et la raison publique, chacun se montre disposé à étendre ses connaissances, à refaire même son éducation, pour prendre une part quelconque à la révision des jugemens portés jusqu'à ce jour sur toutes les matières. Impatient que l'on est de s'élancer dans l'avenir, on demande pour point de départ un résumé général des connaissances humaines, espèce de panorama intellectuel où d'un coup d'oeil on puisse connattre l'œuvre des siècles écoulés.

Un écrivain supérieur, l'homme d'état que les intérêts littéraires et scientifiques se glorifient d'avoir aujourd'hui pour gardien, et auquel l'instruction publique doit les services les plus signalés, s'est exprimé à cet égard dans les termes suivans :

« Il manque à notre état social quelque chose dont l'absence se fait partout sentir, que tout le monde cherche, souvent même sans le savoir : c'est un état intellectuel qui lui corresponde et le complète. Les révolutions ne changent pas le monde intérieur et moral aussi promptement que le monde extérieur et matériel. On s'enrichit plus vite qu'on ne s'éclaire ; on monte sans grandir à proportion. Il y a maintenant un nombre immense de citoyens honnêtes, influens, importans par leur fortune, leur activité, leur clientelle, el dont l'instruction n'est pas au niveau de leur situation ; qui n'ont pas les lumières de leur influence ; ni les principes de leur conduite, ni les croyances de leurs sentimens ; la civilisation intellectuelle, en un


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