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viij DISCOURS


soins de la France, doit avoir une portée beaucoup plus vaste. A nos yeux, nous ne le cacherons pas, son but est européen presque autant que français c'est assez dire qu'il nous interdit de jamais prêter l'oreille aux préventions et aux rivalités nationales, et qu'il nous impose le devoir de nous dépouiller de ce qui serait exclusivement français, à plus forte raison de ce qui serait individuel, dans notre manière de juger les relations des hommes et des choses. La langue française ayant ce grand avantage d'être dans tous les pays celle des hommes bien élevés, et de former ainsi entre les nations un lien également précieux pour la science et pour la sociabilité, nous avons pensé que c'était dans cette langue surtout qu'il importait que fût écrit un ouvrage destiné à offrir à tous les peuples le moyen de se placer dès l'abord au degré de civilisation et de culture dont notre Encyclopédie doit être l'expression, à celui où la société française nous paraît arrivée.

Mesure et tolérance, telle sera notre première loi, et nous répétons que la méthode historique nous aidera efficacement à nous y conformer. La seconde c'est d'être complets, autant du moins qu'on peut l'être dans un cadre nécessairement borné, et dans lequel viennent se ranger des matières divisées à l'infini ; la troisième enfin c'est d'enchaîner méthodiquement et de rassembler en un faisceau plus de vingt mille articles épars[1], de faire sortir de cet amas immense de richesses fragmentaires une œuvre philosophique, et de réduire en système les données fortuites de l'alphabet.

Notre titre d’Encyclopédie nous prescrivait déjà cet enchaînement, et nous y avons pourvu en coordonnant entre eux tous nos matériaux, et en déterminant d'avance l'importance relative de chacun. Le choix des collaborateurs et l'attention la plus scrupuleuse apportée par le directeur à l'emploi et à la disposition des articles fournis par eux, achèveront de maintenir l'unité nécessaire. D'ailleurs, ce que l'histoire sera pour le fonds pour les doctrines, des renvois multipliés le seront pour la forme pour la distribution et le classement des matières. Par eux les articles les plus éloignés se lieront en quelque sorte les uns aux autres, s'appelleront et s'expliqueront réciproquement, de manière à former par leur ensemble des corps de doctrine complets.

  1. (l) La lettre A, une des plus chargées de l'alphabet embrassera environ le huitième du nombre total des articles,et remplira d'après cette proportion,environ le huitième de l'ouvrage ; le présent volume en renferme 740.