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Serrée de près, la biche se réfugia dans l’enceinte qu’habitait Geneviève, et se coucha comme d’habitude aux pieds de l’enfant. Les chiens violèrent ce dernier asile, et la bonne mère, voyant que sa biche chérie était sur le point de périr, saisit un bâton, et s’efforça d’écarter la meute furieuse. En ce moment, le palatin s’approcha avec sa suite, et, témoin de cet étrange spectacle, il ordonna de chasser les chiens. « Qui es-tu ? » demanda-t-il ensuite à Geneviève qu’il ne reconnaissait pas. — Je suis chrétienne ; mais, comme vous le voyez, je n’ai point de vêtements pour me couvrir. Donnez-moi votre manteau, afin que je ne sois pas exposée nue à tous les regards. »

Le palatin le lui tendit, et lorsqu’elle fut enveloppée : « Femme, » reprit-il, « tu es sans habit et sans nourriture ? — Je n’ai point de pain, messire, mais je mange des fruits et des herbes que je trouve dans les bois. L’extrême vétusté a fait tomber mes vêtements en lambeaux. — Combien y a-t-il donc de temps que tu habites cette forêt ? — Il y a six ans et trois mois. — A qui est cet enfant ? — C’est mon fils. — Quel est son père ? » demanda le palatin, qui prenait un vif plaisir à contempler l’enfant. — Dieu le sait, » répliqua-t-elle. — Comment es-tu venue ici, et comment t’appelles-tu ? — Mon nom est Geneviève. »

Sitôt qu’il eut entendu ce nom, le palatin pensa que ce ne pouvait être sa femme, et un camérier, sortant de la foule, s’écria : « Sur mon âme, il me semble que c’est là notre maîtresse, qu’on croit morte depuis