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Ne sais-tu pas, » répliqua Golo, « quelle a été ma conduite envers la palatine, notre suzeraine ? Aujourd’hui que son époux est de retour, je puis m’attendre à périr dans les supplices. Imagine un moyen de m’y soustraire, et si tu le trouves, je reconnaîtrai dignement tes services.

— Écoutez-moi donc, » dit la vieille, « notre suzeraine a un enfant ; mais qui sait si ce n’est pas le fruit d’un amour adultère ? »

Et elle s’assit, et calculant le temps qui s’était écoulé entre le départ de Sigefroid et les couches de la princesse, elle reconnut l’époque précise de la conception. « Qui peut, » reprit-elle, affirmer le fait avec exactitude ? Allez hardiment à la rencontre du palatin notre sire, et déclarez-lui que sa femme a eu pour amant un vil subalterne, un cuisinier de la maison. Il la punira de mort, et vous serez sauvé. »

Golo approuva cet odieux conseil, et, se rendant auprès de Sigefroid, il accusa la princesse d’adultère. Trop facilement persuadé de la vérité de ce qu’avançait l’intendant, le palatin se répandit en plaintes et en gémissements. Sainte Vierge, » disait-il, «je vous avais, confié ma femme, pourquoi donc avez-vous permis qu’elle se déshonorât ? quel parti prendre maintenant ? O Dieu, créateur de toutes choses, faites que la terre s’entr’ouvre et m’engloutisse ! car je préfère la mort à la honte d’habiter avec des infâmes ! »

Et le voyant ainsi abattu, Golo s’approcha de lui : « Seigneur, » lui dit-il, » vous ne pouvez laisser vivre la femme qui vous a si indignement trahi.