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DEUXIÈME PARTIE


I


Un matin, Hélène s’occupait à ranger sa petite bibliothèque, dont elle bouleversait les livres depuis quelques jours, lorsque Jeanne entra en sautant, en tapant des mains.

— Maman, cria-t-elle, un soldat ! Un soldat !

— Quoi ? un soldat ? dit la jeune femme. Qu’est-ce que tu me veux, avec ton soldat ?

Mais l’enfant était dans un de ses accès de folie joyeuse ; elle sautait plus fort, elle répétait : « Un soldat ! un soldat ! » sans s’expliquer davantage. Alors, comme elle avait laissé la porte de la chambre ouverte, Hélène se leva, et elle fut toute surprise d’apercevoir un soldat, un petit soldat, dans l’antichambre. Rosalie était sortie ; Jeanne devait avoir joué sur le palier, malgré la défense formelle de sa mère.

— Qu’est-ce que vous désirez, mon ami ? demanda Hélène.

Le petit soldat, très-troublé par l’apparition de cette dame, si belle et si blanche dans son peignoir