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LES ROUGON-MACQUART.

— Allez chercher le docteur Bodin, racontez-lui ce qui m’arrive.

Dix minutes plus tard, quand le docteur Bodin arriva, elle se mit debout avec un courage surhumain, et s’appuyant sur lui et sur M. Rambaud, elle remonta chez elle. Jeanne la suivait, toute secouée de larmes.

— Je vous attends, avait dit le docteur Deberle à son confrère. Venez nous rassurer.

Dans le jardin, on causa vivement. Malignon s’écriait que les femmes avaient de drôles de têtes. Pourquoi diable cette dame s’était-elle amusée à sauter ? Pauline, très-contrariée de l’aventure qui la privait d’un plaisir, trouvait imprudent de se faire balancer si fort. Le médecin ne parlait pas, semblait soucieux.

— Rien de grave, dit le docteur Bodin en redescendant, une simple foulure… Seulement, elle restera sur sa chaise longue au moins pendant quinze jours.

M. Deberle tapa alors amicalement sur l’épaule de Malignon. Il voulut que sa femme rentrât, parce que décidément il faisait trop frais. Et, prenant Lucien, il l’emporta lui-même, en le couvrant de baisers.