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LES ROUGON-MACQUART.

— Je vous en prie, Hélène, oh ! je vous en prie…

Elle tressaillit, regarda autour d’elle avec une soudaine inquiétude. Ils étaient bien seuls, elle aperçut les trois autres marchant à petits pas dans une allée. Henri avait osé la prendre aux épaules, et elle tremblait, et sa terreur était pleine d’ivresse.

— Quand vous voudrez, balbutia-t-elle, comprenant bien qu’il lui demandait un rendez-vous.

Et, rapidement, ils échangèrent quelques paroles.

— Attendez-moi ce soir, dans cette maison du passage des Eaux.

— Non, je ne puis pas… Je vous ai expliqué, vous m’avez juré…

— Autre part alors, où il vous plaira, pourvu que je vous voie… Chez vous, cette nuit ?

Elle se révolta. Mais elle ne put refuser que d’un geste, reprise de peur, en voyant les deux femmes et Malignon qui revenaient. Madame Deberle avait feint d’emmener le jeune homme pour lui montrer une merveille, des touffes de violettes en pleine fleur, malgré le temps froid. Elle hâta le pas, elle rentra la première, rayonnante.

— C’est fait ! dit-elle.

— Quoi donc ? demanda Hélène, encore toute secouée, ne se rappelant plus.

— Mais ce mariage !… Ah ! quel débarras ! Pauline commençait à ne pas être commode… Le jeune homme l’a vue et la trouve charmante. Demain, nous dînerons tous chez papa… J’aurais embrassé Malignon pour sa bonne nouvelle.

Henri, avec un sang-froid parfait, avait manœuvré de façon à s’éloigner d’Hélène. Lui aussi trouvait Malignon charmant. Il parut se réjouir beaucoup avec sa femme de voir enfin leur petite sœur placée.