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UNE PAGE D’AMOUR.

se retournant. Je l’avais rencontré, il y a une heure, chez madame Robinot.

— Oui, et il va chez madame Lecomte, dit madame Deberle. Oh ! c’est l’homme le plus occupé de Paris.

Et, s’adressant à Hélène, qui avait suivi cette scène, elle continua :

— Un garçon très-distingué que nous aimons beaucoup… Il a un intérêt chez un agent de change. Fort riche, d’ailleurs, et au courant de tout.

Les dames s’en allaient.

— Adieu, chère madame, je compte sur vous mercredi.

— Oui, c’est cela, à mercredi.

— Dites-moi, vous verra-t-on à cette soirée ? On ne sait jamais avec qui on se trouve. J’irai, si vous y allez.

— Eh bien ! j’irai, je vous le promets. Toutes mes amitiés à M. de Guiraud.

Quand madame Deberle revint, elle trouva Hélène debout au milieu du salon. Jeanne se serrait contre sa mère, dont elle avait pris la main ; et, de ses doigts convulsifs et caressants, elle l’attirait par petites secousses vers la porte.

— Ah ! c’est vrai, murmura la maîtresse de la maison.

Elle sonna le domestique.

— Pierre, dites à mademoiselle Smithson d’amener Lucien.

Et, dans le moment d’attente qui eut lieu, la porte s’ouvrit de nouveau, familièrement, sans qu’on eût annoncé personne. Une belle fille de seize ans entra, suivie d’un petit vieillard à la figure joufflue et rose.

— Bonjour, sœur, dit la jeune fille en embrassant madame Deberle.