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II


Le soir, Jeanne allait mieux. Elle put se lever. Pour rassurer sa mère, elle s’entêta et se traîna dans la salle à manger, où elle s’assit devant son assiette vide.

— Ce ne sera rien, disait-elle en tâchant de sourire. Tu sais bien que je suis une patraque… Mange, toi. Je veux que tu manges.

Et elle-même, voyant que sa mère la regardait pâlir et grelotter, sans pouvoir avaler une bouchée, finit par feindre une pointe d’appétit. Elle prendrait un peu de confiture, elle le jurait. Alors, Hélène se hâta, tandis que l’enfant, toujours souriante, avec un petit tremblement nerveux de la tête, la contemplait de son air d’adoration. Puis, au dessert, elle voulut tenir sa promesse. Mais des pleurs parurent au bord de ses paupières.

— Ça ne passe pas, vois-tu, murmura-t-elle. Il ne faut point me gronder.

Elle éprouvait une terrible lassitude qui l’anéantissait. Ses jambes lui semblaient mortes, une main de