Page:Emile Zola - Une page d'amour.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.


II


Le lendemain, Hélène songea qu’il était convenable d’aller remercier le docteur Deberle. La façon brusque dont elle l’avait forcé à la suivre, la nuit entière passée par lui auprès de Jeanne, la laissaient gênée, en face d’un service qui lui semblait sortir des visites ordinaires d’un médecin. Cependant, elle hésita pendant deux jours, répugnant à cette démarche pour des raisons qu’elle n’aurait pu dire. Ces hésitations l’occupaient du docteur ; un matin, elle le rencontra et se cacha comme un enfant. Elle fut très-contrariée ensuite de ce mouvement de timidité. Sa nature tranquille et droite protestait contre ce trouble qui entrait dans sa vie. Aussi décida-t-elle qu’elle irait remercier le docteur le jour même.

La crise de la petite avait eu lieu dans la nuit du mardi au mercredi, et l’on était alors au samedi. Jeanne se trouvait complétement remise. Le docteur Bodin, qui était accouru très-inquiet, avait parlé du docteur Deberle avec le respect d’un pauvre vieux médecin de quartier pour un jeune confrère riche