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UNE PAGE D’AMOUR.

Alors, les petits bras de Jeanne se raidirent, elle éclata brusquement en gros sanglots. Elle bégayait :

— Oh ! non, non, je ne veux plus… Oh ! maman, je t’en prie, dis-lui que je ne veux pas, va lui dire que je ne veux pas…

Et elle étouffait, elle s’était jetée sur la poitrine de sa mère, elle la couvrait de ses larmes et de ses baisers. Hélène tâcha de la calmer, en lui répétant qu’on arrangerait cela. Mais Jeanne voulait tout de suite une réponse décisive.

— Oh ! dis non, petite mère, dis non… Tu vois bien que j’en mourrais… Oh ! jamais, n’est-ce pas ? jamais !

— Eh bien ! non, je te le promets ; sois raisonnable, couche-toi.

Pendant quelques minutes encore, l’enfant muette et passionnée la serra entre ses bras, comme ne pouvant se détacher d’elle et la défendant contre ceux qui voulaient la lui prendre. Enfin, Hélène put la coucher ; mais elle dut veiller près d’elle une partie de la nuit. Des secousses l’agitaient dans son sommeil, et, toutes les demi-heures, elle ouvrait les yeux, s’assurait que sa mère était là, puis se rendormait en collant la bouche sur sa main.