des Cartes, on causa beaucoup du temps, qui était excellent pour une chasse à courre : une poussière diffuse de soleil, un air blond et vif, immobile comme une eau dormante. Les voitures de la cour partirent du château un peu avant midi. Le rendez-vous était au Puits-du-Roi, vaste carrefour en pleine forêt. La vénerie impériale attendait là depuis une heure, les piqueurs à cheval, en culotte de drap rouge, avec le grand chapeau galonné en bataille, les valets de chiens, chaussés de souliers noirs à boucles d’argent, pour courir à l’aise au milieu des taillis ; et les voitures des invités venus des châteaux voisins, alignées correctement, formaient un demi-cercle, en face de la meute tenue par les valets ; tandis que des groupes de dames et de chasseurs en uniforme faisaient au centre un sujet de tableau ancien, une chasse sous Louis XV, ressuscitée dans l’air blond. L’empereur et l’impératrice ne suivirent pas la chasse. Aussitôt après l’attaque, leurs chars-à-bancs tournèrent dans une allée et revinrent au château. Beaucoup de personnes les imitèrent. Rougon avait d’abord essayé d’accompagner Clorinde ; mais elle lançait son cheval si follement, qu’il perdit du terrain et se décida à rentrer de dépit, furieux de la voir galoper côte à côte avec M. de Marsy, au fond d’une allée, très-loin.
Vers cinq heures et demie, Rougon fut prié de descendre prendre le thé, dans les petits appartements de l’impératrice. C’était une faveur accordée d’ordinaire aux hommes spirituels. Il y avait déjà là M. Beulin-d’Orchère et M. de Plouguern ; et ce dernier conta, en termes délicats, une farce très-grosse, qui eut un grand succès de rire. Cependant, les chasseurs rentraient à peine. Madame de Combelot arriva, en affectant une lassitude extrême. Et, comme on lui demandait des nouvelles, elle répondit avec des mots techniques :