Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.


V


Ce soir-là, il y avait réception et concert chez les Duveyrier. Vers dix heures, Octave qu’ils invitaient pour la première fois, achevait de s’habiller dans sa chambre. Il était grave, il éprouvait contre lui-même une sourde irritation. Pourquoi avait-il raté Valérie, une femme si bien apparentée ? Et Berthe Josserand, n’aurait-il pas dû réfléchir, avant de la refuser ? Au moment où il mettait sa cravate blanche, la pensée de Marie Pichon venait de lui être insupportable : cinq mois de Paris, et rien que cette pauvre aventure ! Cela lui était pénible comme une honte, car il sentait profondément le vide et l’inutilité d’une telle liaison. Aussi se jurait-il, en prenant ses gants, de ne plus perdre son temps de la sorte. Il était décidé à agir, puisqu’il pénétrait enfin dans le monde, où les occasions, certes, ne manquaient pas.

Mais, au bout du couloir, Marie le guettait. Pichon n’étant pas là, il fut obligé d’entrer un instant.

— Comme vous voilà beau ! murmura-t-elle.

On ne les avait jamais invités chez les Duveyrier, ce qui l’emplissait de respect pour le salon du premier