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LES ROUGON-MACQUART

contre sa poitrine, dans un abandon de tout le corps, il s’alluma d’un brusque désir, il voulut l’emporter au fond de la chambre. Mais cette approche si rude éveilla Marie de l’inconscience de sa chute ; l’instinct de la femme violentée se révoltait, elle se débattit, elle appela sa mère, oubliant son mari, qui allait rentrer, et sa fille, qui dormait près d’elle.

— Pas ça, oh ! non, oh ! non… C’est défendu.

Lui, ardemment, répétait :

— On ne le saura pas, je ne le dirai à personne.

— Non, monsieur Octave… Vous allez gâter le bonheur que j’ai de vous avoir rencontré… Ça ne nous avancera à rien, je vous assure, et j’avais rêvé des choses…

Alors, il ne parla plus, ayant une revanche à prendre, se disant tout bas, crûment : « Toi, tu vas y passer ! » Comme elle refusait de le suivre dans la chambre, il la renversa brutalement au bord de la table ; et elle se soumit, il la posséda, entre l’assiette oubliée et le roman, qu’une secousse fit tomber par terre. La porte n’avait pas même été fermée, la solennité de l’escalier montait au milieu du silence. Sur l’oreiller du berceau, Lilitte dormait paisiblement.

Lorsque Marie et Octave se furent relevés, dans le désordre des jupes, ils ne trouvèrent rien à se dire. Elle, machinalement, alla regarder sa fille, ôta l’assiette, puis la reposa. Lui, restait muet, pris du même malaise, tant l’aventure était inattendue ; et il se rappelait que, fraternellement, il avait projeté de pendre la jeune femme au cou de son mari. Il finit par murmurer, sentant le besoin de rompre ce silence intolérable :

— Vous n’aviez donc pas fermé la porte ?

Elle jeta un coup d’œil sur le palier, elle balbutia :

— C’est vrai, elle était ouverte.

Sa marche semblait gênée, et il y avait un dégoût