reprenant avec l’abbé Mauduit leur éternelle querelle sur la disparition prochaine de l’Église. Léon, maintenant, se mettait du côté du prêtre : il parlait de la Providence et, le dimanche, accompagnait madame Dambreville à la messe de neuf heures.
Cependant, le monde arrivait toujours, le grand salon se remplissait de dames. Valérie et Berthe échangeaient des confidences, en bonnes amies. L’autre madame Campardon, que l’architecte avait amenée, sans doute afin de remplacer cette pauvre Rose, déjà couchée en haut, et lisant Dickens, donnait à madame Josserand une recette économique pour blanchir le linge sans savon ; tandis que, seule à l’écart, Hortense, qui attendait Verdier, ne quittait pas la porte des yeux. Mais, brusquement, Clotilde, en train de causer avec madame Dambreville, s’était levée, les mains tendues. Son amie, madame Octave Mouret, venait d’entrer. Le mariage avait eu lieu à la fin de son deuil, dans les premiers jours de novembre.
— Et ton mari ? demanda la maîtresse de maison. Il ne va pas me manquer de parole, au moins ?
— Non, non, répondit Caroline souriante. Il me suit, une affaire l’a retenu au dernier moment.
On chuchotait, on la regardait avec curiosité, si belle et si calme, toujours la même, ayant l’aimable assurance d’une femme qui réussit dans toutes ses affaires. Madame Josserand lui serra la main, comme charmée de la revoir. Berthe et Valérie, cessant de causer, l’examinaient paisiblement, détaillaient sa toilette, une robe paille couverte de dentelle. Mais, au milieu de ce tranquille oubli du passé, Auguste, que la politique laissait froid, donnait les signes d’une stupéfaction indignée, debout à la porte du petit salon. Comment ! sa sœur allait recevoir le ménage de l’ancien amant de sa femme ! Et, dans sa rancune d’époux, il y