le père ayant, dans une révolte suprême, rendu la mère responsable du mensonge qu’on lui imposait ; et ils s’étaient une fois de plus jeté leurs familles à la tête. Où voulait-on qu’il gagnât dix mille francs tous les six mois ? Cet engagement le rendait fou. L’oncle Bachelard, qui se trouvait là, se donnait bien des tapes sur le cœur, débordant de nouvelles promesses, depuis qu’il s’était arrangé pour ne pas sortir un sou de sa poche, s’attendrissant et jurant qu’il ne laisserait jamais sa petite Berthe dans l’embarras. Mais le père, exaspéré, avait haussé les épaules, en lui demandant si, décidément, il le prenait pour un imbécile.
Chez le notaire, toutefois, la lecture du contrat, rédigé sur des notes fournies par Duveyrier, calma un peu M. Josserand. Il n’y était pas question de l’assurance ; en outre, le premier versement de dix mille francs devait avoir lieu six mois après le mariage. Enfin, il aurait le temps de respirer. Auguste, qui écoutait avec une grande attention, laissa échapper des signes d’inquiétude ; il regardait Berthe souriante, il regardait les Josserand, il regardait Duveyrier, et il finit par oser parler de l’assurance, comme d’une garantie dont il lui semblait logique de faire au moins mention. Alors, tous eurent des gestes étonnés : à quoi bon ? la chose allait de soi ; et l’on signa vivement, tandis que maître Renaudin, un jeune homme aimable, se taisait en passant la plume aux dames. Dehors, madame Duveyrier se permit seulement de témoigner sa surprise : jamais on n’avait ouvert la bouche d’une assurance, la dot de cinquante mille francs devait être payée par l’oncle Bachelard. Mais madame Josserand, d’un air naïf, nia avoir mis son frère en avant pour une somme si médiocre. C’était toute sa fortune que l’oncle donnerait plus tard à Berthe.
Le soir de ce jour, un fiacre vint chercher Saturnin.