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LES ROUGON-MACQUART.

saire ne l’en a pas moins trouvée couchée avec ce Florent.

— Mais non, je ne vous ai pas dit ça… Le grand maigre venait de partir. J’étais là, quand on a regardé dans le lit. Le commissaire a tâté avec la main. Il y avait deux places toutes chaudes…

La vieille reprit haleine, et d’une voix indignée :

— Ah ! voyez-vous, ce qui m’a fait le plus de mal, c’est d’entendre toutes les horreurs que ce gueux apprenait au petit Muche. Non, vous ne pouvez pas croire… Il y en avait un gros paquet.

— Quelles horreurs ? demanda la Sarriette alléchée.

— Est-ce qu’on sait ! Des saletés, des cochonneries. Le commissaire a dit que ça suffisait pour le faire pendre… C’est un monstre, cet homme-là. Aller s’attaquer à un enfant, s’il est permis ! Le petit Muche ne vaut pas grand’chose, mais ce n’est pas une raison pour le fourrer avec les rouges, ce marmot, n’est-ce pas ?

— Bien sûr, répondirent les deux autres.

— Enfin, on est en train de mettre bon ordre à tout ce micmac. Je vous le disais, vous vous rappelez : « Il y a un micmac chez les Quenu qui ne sent pas bon. » Vous voyez si j’avais le nez fin… Dieu merci, le quartier va pouvoir respirer un peu. Ça demandait un fier coup de balai ; car, ma parole d’honneur, on finissait par avoir peur d’être assassiné en plein jour. On ne vivait plus. C’étaient des cancans, des fâcheries, des tueries. Et ça pour un seul homme, pour ce Florent… Voilà la belle Lisa et la belle Normande remises ; c’est très-bien de leur part, elles devaient ça à la tranquillité de tous. Maintenant, le reste marchera bon train, vous allez voir… Tiens, ce pauvre monsieur Quenu qui rit là-bas.

Quenu, en effet, était de nouveau sur le trottoir, débordant dans son tablier blanc, plaisantant avec la petite bonne de madame Taboureau. Il était très-gaillard, ce matin-là. Il pressait les mains de la petite bonne, lui cassait les poignets