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LE VENTRE DE PARIS.

montrant de fortes dents, tandis que Rose le contemplait, de son air de servante soumise. Il la bouscula, il lui commanda d’aller éteindre le gaz, dans le cabinet.

Sur le trottoir, Gavard trébucha, faillit tomber. Comme il était en veine d’esprit :

— Fichtre ! dit-il, je ne suis pas appuyé sur des lumières, moi !

Cela parut très-drôle, et l’on se sépara. Florent revint, s’acoquina à ce cabinet vitré, dans les silences de Robine, les emportements de Logre, les haines froides de Charvet. Le soir, en rentrant, il ne se couchait pas tout de suite. Il aimait son grenier, cette chambre de jeune fille, où Augustine avait laissé des bouts de chiffon, des choses tendres et niaises de femme, qui traînaient. Sur la cheminée, il y avait encore des épingles à cheveux, des boîtes de carton doré pleines de boutons et de pastilles, des images découpées, des pots de pommade vides sentant toujours le jasmin ; dans le tiroir de la table, une méchante table de bois blanc, étaient restés du fil, des aiguilles, un paroissien, à côté d’un exemplaire maculé de la Clef des songes ; et une robe d’été, blanche, à pois jaunes, pendait, oubliée à un clou, tandis que, sur la planche qui servait de toilette, derrière le pot à eau, un flacon de bandoline renversé avait laissé une grande tache. Florent eût souffert dans une alcôve de femme ; mais, de toute la pièce, de l’étroit lit de fer, des deux chaises de paille, jusque du papier peint, d’un gris effacé, ne montait qu’une odeur de bêtise naïve, une odeur de grosse fille puérile. Et il était heureux de cette pureté des rideaux, de cet enfantillage des boîtes dorées et de la Clef des songes, de cette coquetterie maladroite qui tachait les murs. Cela le rafraîchissait, le ramenait à des rêves de jeunesse. Il aurait voulu ne pas connaître Augustine, aux durs cheveux châtains, croire qu’il était chez une sœur, chez une brave fille, mettant autour de lui, dans les moindres choses, sa grâce de femme naissante.