Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de calice et de ciboire. Mais, surtout, les chasubles revenaient, continuelles, avec leurs cinq couleurs : le blanc pour les confesseurs et les vierges, le rouge pour les apôtres et les martyrs, le noir pour les morts et les jours de jeûne, le violet pour les innocents, le vert pour toutes les fêtes ; et l’or aussi, d’un fréquent usage, pouvant remplacer le blanc, le rouge et le vert. Au centre de la croix, c’étaient toujours les mêmes symboles, les chiffres de Jésus et de Marie, le triangle entouré de rayons, l’agneau, le pélican, la colombe, un calice, un ostensoir, un cœur saignant sous les épines ; tandis que, dans le montant et dans les bras, couraient des ornements ou des fleurs, toute l’ornementation des vieux styles, toute la flore des fleurs larges, les anémones, les tulipes, les pivoines, les grenades, les hortensias. Il ne s’écoulait pas de saison qu’elle ne refit les épis et les raisins symboliques, en argent sur le noir, en or sur le rouge. Pour les chasubles très riches, elle nuançait des tableaux, des têtes de saints, un cadre central, l’Annonciation, la Crèche, le Calvaire. Tantôt les orfrois étaient brodés sur le fond même, tantôt elle rapportait les bandes, soie ou satin, sur du brocart d’or ou du velours. Et cette floraison de splendeurs sacrées, une à une, naissait de ses doigts minces.

En ce moment, la chasuble à laquelle travaillait Angélique était une chasuble de satin blanc, dont la croix se trouvait faite d’une gerbe de lis d’or,