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pucelle. » Les cinquante alors vont lui déclarer qu’ils se convertissent. « Et adonc quant le tyran ouyt ce, il fut tout esprins de grande forcenerie et commanda quilz fussent tous ardz au meillieu de la cité. » À ses yeux, Catherine était la savante invincible, aussi fière et éclatante de sagesse que de beauté, celle qu’elle aurait voulu être, pour convertir les hommes et se faire nourrir en prison par une colombe, avant d’avoir la tête tranchée. Mais surtout Élisabeth, la fille du roi de Hongrie, lui devenait un continuel enseignement. À chacune des révoltes de son orgueil, lorsque la violence l’emportait, elle songeait à ce modèle de douceur et de simplicité, pieuse à cinq ans, refusant de jouer, se couchant par terre pour rendre hommage à Dieu, plus tard épouse obéissante et mortifiée du landgrave de Thuringe, montrant à son époux un visage gai que des larmes inondaient toutes les nuits, enfin veuve continente, chassée de ses États, heureuse de mener la vie d’une pauvresse. « Sa vesture estoit si vile quelle portoit ung manteau gris alonge de autre couleur de drap. Les manches de sa cotte estoient rompues et ramendées d’autre couleur. » Le roi, son père, l’envoie chercher par un comte. « Et quant le comte la veit en tel habit et fillant, il se escria de douleur et de merveilles, et dist : Oncques fille de roy ne apparut en tel habit, ne ne fut veue filler laine. » Elle est la parfaite humilité chrétienne qui vit de pain