Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des reptiles ; les flagellent à coups de fouets munis de boules de plomb ; les clouent vivants dans des cercueils, qu’ils jettent à la mer ; les pendent par les cheveux, puis les allument ; arrosent leurs plaies de chaux vive, de poix bouillante, de plomb fondu ; assoient sur des sièges de bronze chauffés à blanc ; leur enfoncent autour du crâne des casques rougis ; leur brûlent les flancs avec des torches, rompent les cuisses sur des enclumes, arrachent les yeux, coupent la langue, cassent les doigts l’un après l’autre. Et la souffrance ne compte pas, les saints restent pleins de mépris, ont une hâte, une allégresse à souffrir davantage. Un continuel miracle d’ailleurs les protège, ils fatiguent les bourreaux. Jean boit du poison et n’en est pas incommodé. Sébastien sourit, hérissé de flèches. D’autres fois, les flèches restent suspendues en l’air, à droite et à gauche du martyr ; ou, lancées par l’archer, elles reviennent sur elles mêmes et lui crèvent les yeux. Ils boivent le plomb fondu comme de l’eau glacée. Des lions se prosternent et lèchent leurs mains, ainsi que des agneaux. Le gril de saint Laurent lui est d’une fraîcheur agréable. Il crie : « Malheureux, tu as rosty une partie, retourne lautre et puis mange, car elle est assez rostie. » Cécile, mise en un bain tout bouillant, « estoit la tout ainsi comme en un froit lieu et ne sentit onc ung peu de sueur ». Christine déconcerte les supplices : son père la fait battre