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l’époux, pour lui témoigner que l’Église scellait et cachetait son cœur, où aucune autre femme ne devait plus entrer ; et l’époux le mit au doigt de l’épouse, afin de lui apprendre à son tour que, seul parmi les hommes, il existait, pour elle désormais. C’était l’union étroite, sans fin, le signe de dépendance porté par elle, qui lui rappellerait constamment la foi jurée ; c’était aussi la promesse d’une longue suite d’années communes, comme si ce petit cercle d’or les attachait jusqu’à la tombe. Et, tandis que le prêtre, après les oraisons finales, les exhortait une fois encore, Angélique avait son clair sourire de renoncement, elle qui savait.

Les orgues, alors, clamèrent d’allégresse, derrière l’abbé Cornille, qui se retirait avec les clercs. Monseigneur, immobile en sa majesté, abaissait sur le couple ses yeux d’aigle, très doux. À genoux toujours, les Hubert levaient la tête, aveuglés de larmes heureuses. Et la phrase énorme des orgues roula, se perdit en une grêle de petites notes aiguës, pleuvant sous les voûtes, pareilles à un chant matinal d’alouette. Un long frémissement, une rumeur attendrie avait agité la foule des fidèles, entassée dans la nef et dans les bas-côtés. L’église, parée de fleurs, étincelante de cierges, éclatait de la joie du sacrement.

Puis, ce furent encore deux heures de souveraine pompe, la messe chantée, avec les encensements. Le célébrant avait paru, vêtu de la