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rieuse de sa passion, corrigée, renouvelée, n’ayant même plus l’orgueil du triomphe, résignée à cette envolée de son être, dans l’hosanna de sa grande amie, là cathédrale. Lorsqu’elle s’agenouilla, ce fut en servante très humble et très soumise, entièrement lavé du péché d’origine ; et elle était aussi très gaie de son renoncement.

L’abbé Cornille, après être descendu de l’autel, fit l’exhortation, d’une voix amie. Il donna en exemple le mariage que Jésus avait contracté avec l’Église, il parla de l’avenir, des jours à vivre dans la foi, des enfants qu’il faudrait élever en chrétiens ; et là, de nouveau, en face de cet espoir, Angélique sourit ; tandis que Félicien, près d’elle, frémissait, à l’idée de tout ce bonheur, qu’il croyait fixé maintenant. Puis, vinrent les demandes du rituel, les réponses qui lient pour l’existence entière, le « oui » décisif qu’elle prononça, émue, du fond de son cœur, qu’il dit plus haut, avec une gravité tendre. L’irrévocable était fait, le prêtre avait mis leurs mains droites l’une dans l’autre, en murmurant la formule : Ego conjungo vos in matrimonium, in nomine Patri, et Filii, et Spiritus sancti. Mais il restait à bénir l’anneau, qui est le symbole de la fidélité inviolable, de l’éternité du lien ; et cela dura. Dans le bassin d’argent, au-dessus de l’anneau d’or, le prêtre agitait l’aspersoir, en forme de croix. « Benedic, Domine, annulum hunc… » Ensuite, il le présenta à