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XIV


Le mariage fut fixé aux premiers jours de mars. Mais Angélique restait très faible, malgré la joie qui rayonnait de toute sa personne. Elle avait d’abord voulu redescendre à l’atelier, dés la première semaine de sa convalescence, s’entêtant à finir le panneau de broderie en bas-relief, pour le siège de Monseigneur : c’était la dernière tâche d’ouvrière, disait-elle gaiement, on ne lâchait pas une commande au beau milieu. Puis, épuisée par cet effort, elle avait dû de nouveau garder la chambre. Elle y vivait souriante, sans retrouver la santé pleine d’autrefois, toujours blanche et immatérielle comme sous les saintes huiles, allant et venant d’un petit pas de vision, se reposant, songeuse, pendant des heures, d’avoir fait quelque longue course, de sa table à sa fenêtre. Et l’on recula le mariage, on décida qu’on attendrait son complet rétablissement, qui ne pouvait tarder, avec des soins.

Chaque après-midi, Félicien montait la voir.