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suite, pour qu’il fût temps encore. Mais la nuit s’avançait, on avait attendu le jour, et l’abbé, averti, allait enfin arriver.

Tout se trouvait prêt, les Hubert achevaient d’arranger la chambre. Sous le gai soleil, qui, à cette heure matinale, frappait les vitres, elle était d’une blancheur d’aurore, avec la nudité de ses grands murs blancs. Ils avaient couvert la table d’une nappe blanche. À droite et à gauche d’un crucifix, deux cierges y brûlaient, dans les flambeaux d’argent, montés du salon. Et il y avait encore là de l’eau bénite et un aspersoir, une aiguière d’eau avec son bassin et une serviette, deux assiettes de porcelaine blanche, l’une pleine de flocons d’ouate ; l’autre de cornets de papier blanc. On avait couru les serres de la ville basse sans trouver d’autres fleurs que des roses, de grosses roses blanches dont les énormes touffes garnissaient la table comme d’un frisson de blanches dentelles. Et, dans cette blancheur accrue, Angélique mourante respirait toujours de son petit souffle, les paupières closes.

À sa visite du matin, le docteur venait de dire qu’elle ne vivrait pas la journée. D’un moment à l’autre, peut-être, passerait-elle, sans même reprendre connaissance. Et les Hubert attendaient. Il fallait que la chose fût, malgré leurs larmes. S’ils avaient voulu cette mort, préférant l’enfant morte à l’enfant révoltée, c’était que Dieu la voulait