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deux journées, elle n’avait fait qu’une rose, toute fraîche, éclatante sur le satin ; mais c’était sa vie, elle tiendrait l’aiguille jusqu’au dernier souffle. Fondue de souffrance, amincie encore, elle n’était plus qu’une flamme pure et très belle.

À quoi bon lutter davantage, puisque Félicien ne l’aimait pas ? Maintenant, elle mourait de cette conviction : il ne l’aimait pas, peut-être ne l’avait-il jamais aimée. Tant qu’elle avait eu des forces elle s’était battue contre son cœur, sa santé, sa jeunesse, qui la poussaient à courir le rejoindre. Depuis qu’elle se trouvait clouée là, elle devait se résigner, c’était fini.

Un matin, comme Hubert l’installait dans son fauteuil, en posant sur un coussin ses petits pieds inertes, elle dit avec un sourire :

— Ah ! je suis bien sûre d’être sage, à présent, et de ne pas me sauver.

Hubert se hâta de descendre, suffoqué, craignant d’éclater en larmes.