Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.


X


Le matin, à sept heures, comme de coutume, Angélique était au travail ; et les jours se suivirent, et chaque matin elle se remit, très calme, à la chasuble quittée la veille. Rien ne semblait changé, elle tenait strictement sa parole, se cloîtrait, sans chercher à revoir Félicien. Cela même ne paraissait pas l’assombrir, elle gardait son gai visage de jeunesse, souriant à Hubertine, lorsqu’elle la surprenait, étonnée, les yeux sur elle. Pourtant, dans cette volonté de silence, elle ne songeait qu’à lui, la journée entière. Son espoir demeurait invincible, elle était certaine que les choses se réaliseraient, malgré tout. Et c’était cette certitude qui lui donnait son grand air de courage, si droit et si fier.

Hubert, parfois, la grondait.

— Tu travailles trop, je te trouve un peu pâle… Est-ce que tu dors bien au moins ?

— Oh ! père, comme une souche ! Jamais je ne me suis mieux portée.