Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

celles d’une maison en déroute, où l’on attend le retour du maître. Peu de monde entrait, le maître-autel seul, un sarcophage sévère de style roman, braisillait au fond de la nef, étoilé de cierges ; et le reste du vaste vaisseau, les bas-côtés, les chapelles, s’emplissaient de nuit, sous la tombée du crépuscule.

Lentement, Angélique et Hubertine firent le tour. En bas, l’édifice s’écrasait, des piliers trapus portaient les pleins cintres des collatéraux. Elles marchaient le long de chapelles noires, enterrées comme des cryptes. Puis, lorsqu’elles traversèrent, devant la grand-porte, sous la travée des orgues, elles eurent un sentiment de délivrance, en levant les yeux vers les hautes fenêtres gothiques de la nef, qui s’élançaient au-dessus de la lourde assise romane. Mais elles continuèrent par le bas-côté méridional, l’étouffement recommença. À la croix du transept, quatre colonnes énormes étaient aux quatre angles ; montaient d’un jet soutenir la voûte ; et là régnait encore une clarté mauve, l’adieu du jour dans les roses des façades latérales. Elles avaient gravi les trois marches qui menaient au chœur, elles tournèrent par le pourtour de l’abside, la partie la plus anciennement bâtie, d’un enfouissement de sépulcre. Un instant, contre la vieille grille, très ouvragée, qui fermait le chœur de partout, elles s’arrêtèrent pour regarder scintiller le maître-autel, dont les petites flammes se