trop jeune ; mais celle-ci lui paraissait vraiment maternelle. D’autre part, une femme honnête, chez lui, cela le changerait et serait très bon. Son père, au moins, n’oserait plus lui envoyer des filles, comme il le soupçonnait de le faire, pour l’achever et avoir tout de suite son argent. La terreur et la haine de son père le décidèrent.
— Tu ne te maries donc pas ? demanda-t-il, voulant sonder le terrain.
La jeune fille se mit à rire.
— Oh ! rien ne presse.
Puis, d’un air de boutade, regardant Pascal qui avait levé la tête :
— Est-ce qu’on sait ?… Je ne me marierai jamais.
Mais Félicité se récria. Quand elle la voyait si attachée au docteur, elle souhaitait souvent un mariage qui l’en détacherait, qui laisserait son fils isolé, dans un intérieur détruit, où elle-même deviendrait toute-puissante, maîtresse des choses. Aussi l’appela-t-elle en témoignage : n’était-ce pas vrai qu’une femme devait se marier, que cela était contre nature, de rester vieille fille ? Et, gravement, il l’approuvait, sans quitter Clotilde des yeux.
— Oui, oui, il faut se marier… Elle est trop raisonnable, elle se mariera…
— Bah ! interrompit Maxime, aura-t-elle vraiment raison ?… Pour être malheureuse peut-être, il y a tant de mauvais ménages !
Et, se décidant :
— Tu ne sais pas ce que tu devrais faire ?… Eh bien ! tu devrais venir à Paris vivre avec moi… J’ai réfléchi, cela m’effraye un peu de prendre la charge d’un enfant, dans mon état de santé. Ne suis-je pas un enfant moi-même, un malade qui a besoin de soins ?… Tu me soignerais, tu serais là, si je venais à perdre décidément les jambes.