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Tout de suite, Félicité avait dressé l’oreille.

— La clef, où donc est-elle ?

— Sous l’oreiller, sous la tête de monsieur.

Malgré la flambée vive du feu de sarments, un petit souffle glacé passa ; et les deux vieilles femmes se turent. Il n’y eut plus que le grésillement du jus qui tombait du rôti dans la lèchefrite.

Mais, après que madame Rougon eût dîné seule, et promptement, elle remonta avec Martine. Dès lors, sans qu’elles eussent causé davantage, l’entente se trouva faite, il était décidé qu’elles s’empareraient des papiers avant le jour, par tous les moyens possibles. Le plus simple consistait encore à prendre la clef sous l’oreiller. Certainement, Clotilde finirait par s’endormir : elle paraissait trop épuisée, elle succomberait à la fatigue. Et il ne s’agissait que d’attendre. Elles se mirent donc à épier, à rôder de la salle de travail à la chambre, aux aguets pour savoir si les grands yeux élargis et fixes de la jeune femme ne se fermaient pas enfin. Toujours, il y en avait une qui allait voir, tandis que l’autre s’impatientait dans la salle, où charbonnait une lampe. Cela dura jusqu’à près de minuit, de quart d’heure en quart d’heure. Les yeux, sans fond, pleins d’ombre et d’un immense désespoir, restaient grands ouverts. Un peu avant minuit, Félicité se réinstalla dans un fauteuil, au pied du lit, résolue à ne pas quitter la place, tant que sa petite-fille ne dormirait pas. Elle ne la quittait plus du regard, s’irritant à remarquer qu’elle battait à peine des paupières, dans cette fixité inconsolable qui défiait le sommeil. Puis, ce fut elle, à ce jeu, qui se sentit envahie d’une somnolence. Exaspérée, elle ne put rester là davantage. Et elle alla trouver de nouveau Martine.

— C’est inutile, elle ne s’endormira pas ! dit-elle, la voix étouffée et tremblante. Il faut imaginer autre chose.