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servir, qu’elle semblait redevenir jeune fille. Lui, ne quitta donc pas Clotilde d’une minute, l’aidant, désirant se convaincre qu’elle emportait bien tout ce dont elle aurait besoin. Deux grandes malles étaient ouvertes, au milieu de la chambre en désordre ; des paquets, des vêtements traînaient partout ; c’était une visite, vingt fois reprise, des meubles, des tiroirs. Et, dans ce travail, cette préoccupation de ne rien oublier, il y avait comme un engourdissement de la douleur vive que l’un et l’autre éprouvaient au creux de l’estomac. Ils s’étourdissaient un instant : lui, très soigneux, veillait à ce qu’il n’y eût pas de place perdue, utilisait la case à chapeaux pour de menus chiffons, glissait des boites entre les chemises et les mouchoirs ; tandis qu’elle, décrochant les robes, les pliait sur le lit, en attendant de les mettre les dernières, dans le casier du haut. Puis, lorsque, un peu las, ils se relevaient et qu’ils se retrouvaient face à face, ils se souriaient d’abord, ils contenaient ensuite de brusques larmes, au souvenir de l’inévitable malheur qui les reprenait tout entiers. Mais ils restaient fermes, le cœur en sang. Mon Dieu ! c’était donc vrai qu’ils n’étaient déjà plus ensemble ? Et ils entendaient alors le vent, le vent terrible, qui menaçait d’éventrer la maison.

Que de fois, dans cette dernière journée, ils allèrent jusqu’à la fenêtre, attirés par la tempête, souhaitant qu’elle emportât le monde ! Pendant ces coups de mistral, le soleil ne cesse pas de luire, le ciel reste constamment bleu ; mais c’est un ciel d’un bleu livide, trouble de poussière ; et le soleil jaune est pâli d’un frisson. Ils regardaient au loin les immenses fumées blanches qui s’envolaient des routes, les arbres pliés, échevelés, ayant tous l’air de fuir dans le même sens, du même train de galop, la campagne entière desséchée, épuisée sous la violence de ce souffle toujours égal, roulant sans fin avec son