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LES ROUGON-MACQUART.

tenir votre subvention… Voulez-vous que je vous conduise à Rognes dans mon cabriolet, puisque vous êtes pressé ?

— Parfait !

Et Hourdequin sortit pour faire atteler la voiture, qui était restée au milieu de la cour. Quand il rentra, il ne trouva plus le député, il finit par l’apercevoir dans la cuisine. Celui-ci avait poussé la porte, et il se tenait là souriant, devant Jacqueline épanouie, à la complimenter de si près, que leurs faces se touchaient presque : tous deux s’étaient flairés, s’étaient compris, et se le disaient, d’un clair regard.

Lorsque M. de Chédeville fut remonté dans son cabriolet, la Cognette retint un moment Hourdequin, pour lui souffler à l’oreille :

— Hein ? il est plus gentil que toi, il ne trouve pas que je sois bonne à cacher, lui !

En chemin, pendant que la voiture roulait entre les pièces de blé, le fermier revint à la terre, à son éternel souci. Il offrait maintenant des notes écrites, des chiffres, car lui, depuis quelques années, tenait une comptabilité. Dans la Beauce, ils n’étaient pas trois à en faire autant, et les petits propriétaires, les paysans haussaient les épaules, ne comprenaient même pas. Pourtant, la comptabilité seule établissait la situation, indiquait ceux des produits qui étaient à profit, ceux qui étaient à perte ; en outre, elle donnait le prix de revient et par conséquent de vente. Chez lui, chaque valet, chaque bête, chaque culture, chaque outil même, avait sa page, ses deux colonnes, le Doit et l’Avoir, si bien que, continuellement, il se trouvait renseigné sur le résultat de ses opérations, bon ou mauvais.

— Au moins, dit-il avec son gros rire, je sais comment je me ruine.

Mais il s’interrompit, pour jurer entre ses dents. Depuis quelques minutes, à mesure que le cabriolet avançait, il tâchait de se rendre compte d’une scène, au loin, sur le bord de la route. Malgré le dimanche, il avait envoyé là, pour faner une coupe de luzerne qui pressait, une faneuse