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que chacun en tirerait, il parut stupéfait d’abord. Jamais il n’avait songé à cela, quel âge avait donc l’enfant ? Ensuite, il demeura tout ému ; certes, il l’aimait bien aussi, il ferait ce qu’on voudrait.

Quand ils rentrèrent, Pauline achevait de mettre la table, pour s’occuper ; tandis que son oncle, un journal tombé sur les genoux, regardait Minouche qui se léchait délicatement le ventre.

— Eh bien, quoi donc ? on se marie, dit Lazare en cachant son émotion sous une gaieté bruyante.

Elle était restée une assiette à la main, très rouge, la voix coupée.

— Qui se marie ? demanda l’oncle, comme éveillé en sursaut.

Sa femme l’avait prévenu le matin ; mais l’air gourmand dont la chatte promenait la langue sur son poil, l’absorbait. Pourtant, il se souvint aussitôt.

— Ah ! oui, cria-t-il.

Et il regarda les jeunes gens d’un œil malin, la bouche tordue par un élancement douloureux au pied droit. Pauline, doucement, avait reposé l’assiette. Elle finit par répondre à Lazare :

— Si tu veux, toi, moi je veux bien.

— Allons, c’est fait, embrassez-vous, conclut madame Chanteau, en train d’accrocher son chapeau de paille.

La jeune fille s’avança la première, les mains tendues. Lui, riant toujours, les prit dans les siennes ; et il la plaisantait.

— Tu as donc lâché ta poupée ?… Voilà pourquoi tu devenais si cachotière, qu’on ne pouvait seulement plus te voir, quand tu te lavais le bout des doigts !… Et c’est ce pauvre Lazare que tu as choisi pour victime ?